3 minutes...
Il est midi, il fait beau mais
froid. La foule des étudiants s'est rassemblée sur le parvis. Peu à peu, ils se
taisent tous. Le silence s'installe. Etrange impression, cet endroit qui
habituellement grouille de bruits divers. Même le foyer a arrêté sa musique. Même
la rue a stoppé les automobiles. La ville
s'est arrêtée de vivre pendant 3 minutes.
Je suis là, parmi la foule. Je jette un il sur les gens
autour. Ils ont l'air complètement indifférents, certains fument même pas un
minimum de respect. Seule, une fille, assisse sur le rebord d'une jardinière, a
l'air de savoir pourquoi elle est là, elle semble retenir des larmes. Moi je
regarde le sol, perdue dans un coin d'Asie. J'ai la chair de poule. J'ai envie
de pleurer mais je fais comme la fille, je me retiens. Simplement parce que je
ne veux pas pleurer devant eux et leur montrer que moi, je sais pourquoi je me
tais pendant 3 minutes. Mon esprit s'est évadé, j'ai partagé leur peine. C'est
tellement infime quand on y pense.
Les 3 minutes se sont écoulées lentement. Dés que l'horloge
affiche 12h03, le bruit recommence et s'amplifie. Comme si tout cela avait été
inutile. J'ai envie de me taire, de ne plus parler. J'ai envie de rester dans
cette sensation d'engourdissement à réfléchir sur le monde. Mais on me parle,
je suis forcée de répondre. Je ne veux pas. Laissez-moi. J'essaye, je me tais. Je
veux rester dans cet état.
Mais je ne peux plus lutter, je dois parler. Tant pis,
j'abandonne mon état de semi inconscience pour retrouver la réalité de mon
amphi.
Quand on y pense, c'est souvent comme ça que ça se passe