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Revoir un Printemps
19 janvier 2005

Mon père...

En ouvrant ce blog, je savais plus ou moins qu'un jour, j'écrirais un post sur lui…
Je pense à Finou dont un membre de sa famille est tombé sur son blog… je me demande ce que je ferais et qu'elle serait sa réaction si jamais il découvrait ce post un jour…
Mon père… la cinquantaine, cheveux bruns dont les bords virent au gris, un peu bedonnant mais encore solide. Avant il avait une moustache bien fournie qui lui donnait l'air d'un gros nounours confortable qui me prendrait dans ses bras les jours où je serais triste… cette image est très fortement rattachée à mon enfance et à ces moments disparus à jamais. Aujourd'hui, il ne l'a plus, des traits nouveaux et inconnus sont apparus, la sévérité s'y lis de plus en plus facilement, ses traits sont durs et de plus en plus souvent fermés…
Mon père… jamais de toute mon existence, je n'arriverais à le comprendre. Personnalité complexe, autoritaire mais qui peut être d'une gentillesse hors normes. Il y a le père gentil, sociable, rieur, un peu pudique, aidant, aimant, toujours prêt à rendre service. C'est mon côté de petite fille qui ressort quand je le vois comme ça, j'ai envie alors de me blottir contre lui, de sentir sa force et sa chaleur…
Mais il y a l'autre côté… le côté sévère, violent, hurleur, supérieur. Quand il s'énerve, j'ai souvent peur. J'ai vu ses excès de colère trop de fois. Trop de fois, je suis partie en courant dans ma chambre par peur de sa violence qui allait arriver. Pour plus de sécurité, je passais la chambre et m'enfermait dans la salle de bains dans le noir. Et là, tapie dans l'ombre, je l'entendais hurler comme un dément, taper à la porte à en faire vibrer les murs. Je hurlais moi aussi, des paroles méchantes, des insultes. Le chagrin prenait le dessus et je sanglotais. Lassé de hurler contre un mur, il finissait par s'en aller. Et moi, dans l'obscurité, je tremblais comme une feuille en automne, et je me demandais quand ce cauchemar cesserait.
Cette scène s'est souvent répétée au cours des dernières années, elle continue aujourd'hui encore. Seulement j'ai perdue ma vivacité et lorsque je cours pour fermer ma porte, je me fais rattraper, parce que me voyant démarrer, il s'élance à son tour. Comme deux sprinteurs qui voudraient atteindre chacun le premier la ligne d'arrivée. Je sens sa présence derrière moi. Je ferme la porte, je crois que j'ai réussi. Mais là, je vois ses mains pousser la porte pour l'empêcher de se fermer, je sens sa force supérieure à la mienne, combat inégal. Je résiste, puis je plie. Là, la porte s'ouvre sur moi, enfonçant sa poignée dans mon dos, m'écrasant contre le mur. Quand elle se retire, je m'écroule à terre.
Il y a toutes les fois où hurlant sans raison, il s'énerve. Contre moi, ma sœur, ma mère, pour rien. Toutes ces fois, où il a montré son savoir, sa connaissance. Sans jamais une seule fois dire qu'il avait pu se tromper, ou qu'il ne savait pas. Réponses sur tout sans aucune hésitation, même sur les sujets qu'il ignore. Rien n'est jamais de sa faute. Il perds quelque chose, c'est parce que nous ne l'avons pas rangé au bon endroit. Le père dans toute sa puissance, son pouvoir de supériorité sur le reste de la famille. Instincts primitifs des clans anciens.
En ce moment, c'est après ma mère qu'il en a le plus souvent, toujours à crier, à dire qu'elle ne fait jamais rien correctement, à lui parler mal.
Ce matin, je l'attendais dans la voiture, je m'y étais isolée après un début de dispute entre eux deux. Lorsque je la vis entrer, elle avait les yeux rougis et des larmes coulaient sur ses joues… A ma question, sur ce qu'il y avait, elle m'a répondu qu'elle avait mal au dos et que ce n'était rien. Je sais bien que ce n'est pas ça. Ça me fait de la peine, elle me paraît fragile et lui parfois, comme un monstre. Je voudrais la défendre.
Avant, il n'était pas comme ça. Son changement s'est effectué depuis qu'il est à la maison. Mais ce que je ne comprends pas, c'est que c'est lui qui a demandé à partir en CFC (Contrat de fin de carrière). Mais aujourd'hui, j'ai l'impression qu'il s'ennuie, qu'il ne peut plus nous voir, à force de rester toujours dans nos pattes. Je ne cherche pas à lui trouver une excuse loin de là. Il ne nous a jamais battu non plus, contrairement peut-être à ce que laisse croire mon discours. Il est violent mais sans violence, il cherche plus à nous effrayer… J'ai peur qu'un jour par manque de contrôle de soi, il franchisse cette limite.
En écrivant tout ça, je culpabilise un peu. Je sais que j'ai dépeint un tableau très noir. Mais il a son côté de papa gâteau, adorable, je sais que je peux l'appeler n'importe quand, il sera toujours là pour m'aider. Mais j'ai la désagréable sensation d'avoir perdu mon papa d'enfance. J'ai écris tout ça et je me sens triste, nostalgique.

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Commentaires
Z
Julie, Mélinette ==> je pense que vous avez raison, seulement mon père est un homme très fier et lui donner des conseils est quasiment impossible, c'est pas faute d'avoir essayer...<br /> <br /> Lali ==> oui j'ai bien compris ce que tu voulais me dire et toi aussi tu as raison mais sur ce point de vue ma mère refuse toute discussion, pour elle mon père va très bien... je sais pas quoi faire pour qu'elle ouvre les yeux, ou peut-être est-ce moi qui dramatise les choses... je n'arrive plus à voir clairement<br /> <br /> Ares ==> c'est vrai que voir que nos parents ne sont pas aussi fort que ce que l'on croyait ramène brutalment à la réalité. c'est dur comme tu dis...
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A
Ahlala.... Chaque fois que je vois ma mère pleurer à cause de mon père ou autre je pleure avec... Mais bon tous les hommes ne sont pas mi-anges, mi-démons... Bon la plupart ok, mais de mon côté c'est pas trop le cas. Je me plains pas, je pourrais mais ça sert à rien...<br /> C'est sûr que nos parents évoluent aussi, et les deux seuls piliers qu'on pensait stables, s'effondrent un jour aussi...<br /> Pff C'est dur tout ça...
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L
pas facile de voir sa maman triste,un père qui hurle pour montrer qu'ile st encore quelqu'un..ton père est je pense en depression..Comme certains t'on deja ecris,il s'ennui,pense a tord qu'il n'ai plus rien et au lieu de craquer "c'est un homme,on ne pleure pas" il cris pour dire son mal etre..peut etre devrai tu un jour avec ta mère en parler toutes les deux..lui dire que tu n'ai plus une enfant et que tu sais que sa ne vas pas..je n'arrive aps bien a dire ce que je veux t'expliquer mais els hommes de cette generations ont a coeur de montrer qu'ils sont indispensable et là il pense qu'il est presque plus rien alors sa violence c'est son seul cris qu'il sait vous donnez..fin de semaine je me connecterai si tu veux que nous en parlions plus directement..mais n'oubli pas qu'il y a tout plein d'amour mais qu'il ne sais plus le montrai pour l'instant..je t'embrasse fort mon petit ange.
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M
C'est pas faux ce que dis Julie ici au-dessus, penses-y :)<br /> <br /> A bientôt Zofia, je ne manquerai pas non plus de repasser te voir ici.
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J
il faudrait que tu aide ton pere a ce trouver de nouveau centre d'interet ou alors qu'il exploite une passion ainsi il sortirai plus souvent et serait moins d'en "vos pattes".Mon pere aussi a du mal depuis qu'il est en CFC ,il s'ennui et s'empatte mais il cherche à bouger , c'est peut être ce qu'il manque à ton père bouger et connaitre du monde extérieur.<br /> Bonne chance pour la suite
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Z
j'ai bien compris ce que tu voulais dire, c'est qu'il a des bons côtés qui sont malheureusement cachés ou occultés par tout le reste.<br /> j'ai déjà essayé plusieurs fois de lui parler mais je ne dois pas m'y prendre de la bonne façon puisque l'un de nous deux s'en va toujours en claquant la porte. parfois je ne sais plus quoi faire, j'ai juste envie que tout cesse alors je reste la sans rien dire.<br /> et le fait de lui dire d'avoir peur, j'ai renoncé après avoir vu la réaction de ma mère quand je lui ai dis ça... elle est aveuglée et ne comprends pas, elle le défends toujours même quand il est méchant avec elle... <br /> je ne comprends plus<br /> <br /> j'aime beaucoup ton chez toi virtuel :) et tu peux repasser ici quand tu veux aussi ;)<br /> biz
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M
On se focalise souvent sur les défauts d'une personne quand on la cotoie tous les jours. C'est quand on s'éloigne ou qu'on la perd, qu'on finit par oublier le mauvais pour ne se souvenir que des qualités de la personne perdue ou éloignée. <br /> Je ne dis pas ça pour juger ce que tu dis de ton père, je ne connais pas votre relation, mais à te lire, malgré les mauvais côtés que tu dépeinds, il semble avoir de bons côtés aussi.<br /> <br /> Si tu penses qu'il a changé depuis qu'il a cessé de travailler, tu devrais peut-être voir avec lui, quand il est calme bien sûr, s'il se rend compte qu'il a changé. En communiquant ensemble ça résoudra peut-être certaines choses. Tu sais quand quelqu'un arrête de travailler, il arrive souvent qu'il finisse par se sentir "inutile". Ca doit être d'autant plus difficile pour un père de famille si celui-ci a tjs été habitué à ramener l'argent à la maison pour subvenir aux besoin de sa famille. C'est peut-être pour ça qu'il cherche à vous montrer sa supériorité, à défaut de la prouver en ramenant de quoi vous nourir il vous la prouve en s'énervant.<br /> Enfin je dis ça sans connaître ton père aussi, je ne sais pas ce qu'il se passe dans sa tête mais disons que ça pourrait être une possibilité.<br /> <br /> Concernant ta peur de lui, ça aussi tu devrais le lui dire, même s'il le sait puisqu'il te voit t'encourir, en t'entendant le dire, ça le fera peut-être réfléchir et lui donnera l'envie de changer.<br /> <br /> Courage en tout cas et repasse dans mon "chez moi virtuel" quand tu veux :)<br /> Biz
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Z
tes mots sont très justes, je ressens exactement la même chose, je ne retiens que le négatif, c'est dommage
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P
C'est marrant,enfin non c pas marrant du tout,mais en lisant ça j'ai l'impression d'avoir en meme temps lu mon ''histoire'' à moi..Rapports ambigus avec mon cher père.Violence(seulement verbale) à certains moments,grande complicité dans d'autres.Problème de compréhension souvent,on se teste l'un l'autre.Chez moi s'ajoute la méfiance.Mauvais.Très mauvais.En meme temps pleine de révolte et presque de haine pour tous les terribles moments qu'il m'a fait passer,mais aussi impossibilité de le condamner complètement.Quand j'en parle c toujours avec des mots très durs,je fais un portrait noir et j'oublie qu'il peut etre ''bien'' parfois.Seulement c'est des crises que je me rappele le mieux.
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