Défaillir
Je m’épuise. Je n’ai jamais connu un tel épuisement physique et moral.
Mes yeux piquent et se ferment tous seuls, à la moindre seconde, au moindre relâchement. Je ne sais plus quel jour on est, quelle heure est-il, ni quel temps fait-il. L’impression d’être en complet décalage, chaque geste devient douloureux à produire. Mon corps ne répond presque plus. Il souffre, je souffre.
Envie de se coucher là, de ne plus bouger et de se réveiller un an plus tard.
L’hiver n’arrange rien, le froid m’achève doucement mais certainement. Mes nuits entrecoupées, chaque heure un regard sur l’horloge qui avance. Le temps file, et m’échappe. Ça m’angoisse. Finalement je crois que je suis de nature plus angoissée que ce que je croyais. Ça m’angoisse aussi. Le comble.
Je ne sais plus ce que je fais, je m’y reprends à deux fois pour écrire un mot tellement les lettres, elles aussi me trahissent et, se mélangent. Le sang tape dans mes temps, sensibilité accrue et corps en suspens, douloureux. Se mettre en sommeil, j’envie les marmottes qui hibernent. Me lever demande un effort terrifiant, un groupement de tout ce qui me reste de forces pour y arriver.
Les cours auxquels j’assiste demandent, eux aussi, des efforts impensables, une concentration impressionnante tant les conditions de travail sont exécrables, désagréables. Augmentent ma fatigue, je ne récupère pas. Je n’ai pas l’habitude de ça, j’avais l’impression d’être fort et plutôt combattante, je me déçois un peu sur ce coup-là. Même parler me fatigue.
Les yeux cernés de noir, l’âme errante, le sourire éteint et l’esprit ailleurs, loin, très loin avec lui et personne d’autre.
Je vais au lit.