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Revoir un Printemps
30 octobre 2005

It's over

Décidément, je n'aime vraiment pas les fins. Justement parce que ça se termine.
Avant j'étais pas comme ça, quand je lisais un livre, je faisais mine de tomber par hasard sur la dernière page pour savoir comment ça finissait, discrètement.
Maintenant, j'voudrais garder le livre toujours ouvert, le film toujours sur play, pour pas que ça s'arrête. J'aime pas les histoires qui s'arrêtent.
Ce matin, j'ai fini Rien de Grave. J'aurais du arrêter avant la fin pour avoir la sensation que le livre était pas fini. Mais l'illusion n'aurait pas durée puisque malgré moi j'aurais voulu avoir, savoir, lire les derniers mots. Une histoire ne devrait pas avoir de fin.
Je dis ça, je dis ça mais pourquoi je lis toujours les livres trop vite alors. Je devrais préserver, jouir du moment, retarder l'échéance. Au contraire, je lis, j'avale, j'engloutis les lettres, les mots les phrases et les pages, et le livre se finit, je le referme, le range sur une étagère ou par terre, et je passe à un autre.
Pourtant, je crois que je vais trop vite, envie quasi immédiate de le recommencer, l'impression d'avoir raté quelque chose, un chapitre, peut-être pour que ça renaisse. Je ne le ferais pas, j'en commencerais un autre.
Un autre voyage, une nouvelle parenthèse. Rien de grave, finalement.

"A la fin je prenais les gélules par trois, par cinq, par sept. Je les mélangeais. Je raccourcissais les délais. Trois Dinintel et deux Survector toutes les trois heures, juste pour pouvoir exécuter, mécaniquement, les gestes quotidiens qu'on fait d'habitude sans y penser, pour tenir, pour me doucher, pour acheter le pain, pour affronter les autres, tous les autres qui me faisaient de nouveau peur, peur comme avant, avant d'en prendre. Car le but, maintenant, c'était d'être capable, juste capable, de faire semblant. Mais les superpouvoirs, la lucidité, l'intelligence, mon père dans ma tête, tout ça, c'était fini, je n'y avais plus accès, les amphétamines m'avaient ouvert puis refermé les portes du monde et je recommençais, comme avant, à avancer sur la pointe des pieds, en m'excusant, en ayant toujours l'impression de déranger, en ayant toujours peur de dire des bêtises, et toujours peur qu'Adrien me quitte. Le déguisement ne me déguisait plus et sans le déguisement je n'existais plus du tout, c'est quoi un déguisement s'il n'y a personne en dessous ?"

Justine Lévy, Rien de grave, 2004

 

absolut_book

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Commentaires
S
"je ne vois pas où est le problème. Cela veut dire que le livre te plait" : je retire ce que j'ai dit. Je viens de lire un bouquin en moins de 30h. Un record pour moi. C'est vrai qu'on ressent comme un "manque" de je ne sais quoi, comme si on n'avait pas assez profiter des sentiments ressenties lors de la lecture.
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L
J'ai poussé le vice encore plus loin...<br /> Je n'ai jamais lu les 3 dernières pages du livre " Le vieil homme et la mer" d'Hemingway, je voulais pas que ça se termine, parfois quand je passe devant ca me demange, mais non, ce serait trahir le sentiment que j'ai eut en atteignant cette page 146...<br /> Peut etre que je devrais le garder toujours sur moi, au cas ou...
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S
Pour ma part, je hais aussi les fins. C'est pourquoi et par sadisme, je me laisse souvent plusieurs jours de "repos" en laissant un livre dans un coin et pour me tenir en haleine...<br /> Ca marche pas pour tous les bouquins hein..<br /> <br /> Et je lis plusieurs livre en mm temps pour laisser mon esprit se nourrir d'autre chose pendant son manque..<br /> <br /> C'est con,c'est Peace, c'est SPirit.
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P
C'est un peu hors sujet mais mardi...j'ai pensé à toi,comme quoi,tout est possible meme à des kilomètres de distance....tout simplement parce qu'au détour d'un couloir de la fac,j'ai vu une fille,assise par terre,qui lisait justement "rien de grave"....Et comme toi tu en avais parlé dans ton blog...j'ai fait le lien.<br /> Elle avait l'air absorbé et ne regardait pas ce qui se passait autour d'elle....<br /> Voilà,c'était juste pour dire ça.
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S
"je faisais mine de tomber par hasard sur la dernière page" : comment tu faisais? Tu criais : "mais qui donc a laissé ouvert mon livre à la dernière page?!". :)<br /> <br /> "J'aime pas les histoires qui s'arrêtent" : ne lis pas LA dernière page dans ce cas. :)<br /> <br /> "je lis, j'avale, j'engloutis les lettres" : je ne vois pas où est le problème. Cela veut dire que le livre te plait. Ce n'est pas comme si tu lisais le dernier livre existant sur la Terre. Il t'en reste enormémant à découvrir et à lire, n'est pas peur d'être "affamé" de ce coté là. <br /> <br /> "j'en commencerais un autre" : pourquoi relire un livre, si il t'a plu. Cela ne risque t'il pas de modifier ton impression sur lui?<br /> <br /> "c'est quoi un déguisement s'il n'y a personne en dessous ?" : une ombre, un fantome, un zombie, du vent, pas grand chose en somme.
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