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Y a les pauvres qui se cassent le cul pour se lever le matin pour aller bosser, blancs comme des chiottes.
Et y a les riches tous bronzés qui font rien de leurs journées et trouvent le moyen de râler.
J’appartiens à la première catégorie.
Je
hais cette ville. Je hais ce luxe et cette superficialité qui coulent à Cannes. Je hais ceux
qui la cultivent et l’alimentent. Je hais cet hôtel et tous les gens
qui y travaillent, pourris jusqu’à la moelle par l’argent. Je les hais
de continuellement me prendre pour une conne.
Vous voulez savoir comment le mec qui bosse dans le bureau où y a la photocopie m’appelle ?
Miss
Photocopie 2006, avec environ 100 photocopies par jour en même temps
c’est logique. Je suis préposée aux photocopies, au courrier à aller
chercher et déposer, aux impressions à aller récupérer dans
l’imprimante qui se trouve dans le bureau à côté. Forcément à 35 ans ma
responsable est fatiguée.
Je n’aime pas être prise pour une conne et
pourtant depuis bientôt 3 mois c’est ce qui se passe et je ne dis rien,
je subis. On ne m’a pas engagé pour faire un stage aux Relations Presse
mais un stage en secrétariat. On m’a dit que je ne répondais pas
correctement au téléphone. Je suis la bouffonne de la fac de lettres et
on me le fait chaque jour, payer un peu plus cher. « ah oui non ça tu
peux pas le faire, tu parles pas anglais »
Je vous hais.
Je
déteste ce milieu d’hypocrites où le moindre truc que tu fais est
répété à tout le monde, où tout le monde parle sur toi dés que tu as le
dos tourné, où tout le monde parle sur tout le monde tout le temps. Un
vrai nid de langues de putes.
Je hais leur fausse sympathie et leur
mensonge, je hais ces gens qui se servent de ce que tu dis pour, à la
moindre occasion, s’en servir contre toi.
Je n’apprécie pas le
fait de ne pas être indemnisé et encore moins le fait qu’on me demande
de faire du bénévolat pour servir des gens à une soirée pour leur
éviter d’avoir à payer des extras. Je n’aime pas le fait que parce que
tu refuses on ne te présente à personne et que tu sois recluse au
bureau.
De toutes façons avec 15 à 20% de stagiaires dans cette boîte à quoi je pouvais m’attendre…
Je déteste m’emmerder et ne rien apprendre. Je hais de me faire exploiter sans rien dire.
Je hais leur manque de confiance en moi et leur façon de me le faire clairement comprendre.
Je suis là pour faire du reclassement, du rangement. C’est tout et tu fermes ta gueule. J’en ai marre d’être constamment déçue.
J’en
ai assez de ces cons. Démonstration : le directeur de la restauration,
40 ans, bien sur lui, plutôt pas mal mais con… il a une thèse très
intéressante sur les Corses qui se défend en trois points que je vais
vous rapporter :
Pour lui, les Corses sont :
1. des cons
2. des gros connards
3. et pour conclure de toutes façons les Corses c’est des gros cons.
J’avoue que cela m’a laissé sur le cul, tellement d’intelligence.
Je
suis fatiguée de me lever 2h30 à l’avance pour être à l’heure le matin,
je suis fatiguée de rentrer après 19h15 voir à 19h45. De me casser le
cul pour rien. Parce que je n’apprends rien, il n’y a rien de positif
dans ce que je fais. Sauf si vous voyez du positif dans le fait de
faire des milliers de photocopies par semaine, le fait de classer des
vieux albums de diapos que personne ne regarde jamais, de faire des
sommaires de merde sur Excel, d’aller mettre des trucs dans les
bannettes, de faire des paquets cadeaux, d’imprimer des noms sur des
enveloppes, de remplir des Chronopost, d’être constamment surveillé
parce que bon jsuis tellement conne que je suis capable de faire une
bêtise, de devoir continuellement montrer le moindre truc que tu viens
de faire pour qu’il soit validé, même si t’as juste changé une virgule.
La liste est tellement, tellement longue.
Peut-être vous
comprendrez mieux pourquoi je vis mal mon stage. Je ne suis pas naïve,
je sais bien qu’on ne commence jamais en haut de l’échelle. Mais je
n’aime pas être prise pour une idiote. Ni être engagée pour un truc qui
n’a rien avoir avec ce qu’on m’avait proposé.