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Revoir un Printemps
22 août 2008

Le beau nom grave de tristesse

Le film m'a donné envie de me mettre aux livres, aux histoires de Sagan. Alors j'ai commencé par l'incontournable.
Dans ce livre, Cécile a 17 ans. Elle passe un été de rêve du côté de St Tropez dans une maison où le soleil tape. La vie se partage entre les folies de son père et de sa maîtresse, les parties en soirée et la Méditerranée. Mais, Anne intervient et s'invite dans la partie. Anne comme l'élément perturbateur, déséquilibre du couple père/fille.
Cécile angoisse et lutte. Presque peine perdue.

A la lecture, on imagine sans peine le scandale que ce livre a pu provoquer. Son auteur si jeune, osant parler de sensualité, de plaisir, sans scrupule.
Aujourd'hui, la retombée est moins forte mais le plaisir est bien là. Ça se lit de façon tellement fluide et directe qu'on le finit sans s'en apercevoir. Le personnage de Cécile, bien qu'ayant un plan diabolique en tête, n'apparaît jamais méchante. Certes, le roman est écrit à la première personne, mais rapidement on comprend que son projet vient d'une souffrance, d'une peur de l'abandon, plus que par pure cruauté.
Le sentiment inéluctable des événements qui une fois enclenchés sont difficiles à stopper...

"Je passais par toutes les affres de l’introspection sans, pour cela, me réconcilier avec moi-même. « Ce sentiment, pensais-je, ce sentiment à l’égard d’Anne est bête et pauvre, comme ce désir de la séparer de mon père est féroce. » Mais, après tout, pourquoi me juger ainsi ? Étant simplement moi, n’étais-je pas libre d’éprouver ce qui arrivait. Pour la première fois de ma vie, ce « moi » semblait se partager et la découverte d’une telle dualité m’étonnait prodigieusement. Je trouvais de bonnes excuses, je me les murmurais à moi-même, me jugeant sincère, et brusquement un autre « moi » surgissait, qui s’inscrivait en faux contre mes propres arguments, me criant que je m’abusais moi-même, bien qu’ils eussent toutes les apparences de la vérité. Mais n’était-ce pas, en fait, cet autre qui me trompait ? Cette lucidité n’était-elle pas la pire des erreurs ? Je me débattais des heures entières dans ma chambre pour savoir si la crainte, l’hostilité que m’inspirait Anne à présent se justifiaient ou si je n’étais qu’une petite jeune fille égoïste et gâtée en veine de fausse indépendance."
Françoise Sagan, Bonjour Tristesse

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Commentaires
L
"Le film m'a donné envie de me mettre aux livres, aux histoires de Sagan. Alors j'ai commencé par l'incontournable."<br /> --> Tiens, comme moi (cf. mes articles du 17 et du 30 juillet dernier). Et comme beaucoup d'autres, je pense. La preuve que le film était bien fait.
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Z
Oui j'aime bien ça :) je vais tenter d'en prendre la prochaine fois que je vais à la bibli.
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P
Le premier que j'ai lu aussi ;)<br /> c'est bien de commencer par le commencement! héhé<br /> <br /> Je te conseille les oeuvres théâtrales qu'elle a écrit, je sais pas si t'aimes lire le théâtre, mais disons que ça change un peu une fois que tu t'en seras tapé 2-3...tu verras que c'est toujours un peu pareil.<br /> C'est normal, on a tous nos thèmes de prédilection (et puis c'est que mon avis hein)
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