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Revoir un Printemps
15 février 2010

Parcours à refaire

Je suis une femme au foyer. Une femme au foyer sans enfant. Avec un chat.

Pour combler mes journées, je bois. Du café, du thé, du cappuccino. Des trucs chauds qui me rassurent et m’occupent les mains. Je n’en suis pas encore à la vodka.

Les tâches ménagères forment mon quotidien m’empêchant de tomber dans l’abrutissement et l’oisiveté totale. J’aurais la réponse pour ma formation cette semaine. Et je saurais si je dois repartir de zéro.
Je suis assez désespérée de ce côté-là. Je ne cesse de ruminer, d’espérer d’avoir la possibilité de revenir en arrière. Et de choisir d’autres études.

Des études qui m’auraient apportées un métier de façon plus rapide. Je remue ma non-orientation et mon manque de discernement. J’aurais dû voir, savoir, comprendre. Je ne suis pas du genre naïve mais j’ai cru que je m’en sortirais.

Faux.

J’aurais dû foncer dans la voie du concret. Le droit est un domaine qui m’a toujours attiré. Certains me prévoyaient juge d’instruction. J’aurais dû faire plus attention. Choisir mieux. Je regrette. Amèrement.
L’idée du droit m’a toujours travaillé. Ces tribunaux, ces milieux glauques, mon goût pour les romans policiers auraient dû me faire tilter. J’aurais dû devenir juge ou bien flic. Mon goût du travail bien fait, ma minutie, mon kiff de la recherche, de trouver parmi toutes les informations celle valable, vérifier, recouper. J’avais les compétences. Je n’ai pas percuté.

Aujourd’hui, il ne me reste que les regrets et les envies. Et il manque toujours le diplôme ou la formation. Il manque toujours un truc. Ou je n’ai pas le profil. Ou le nombre de personnes est insuffisant pour que les choses démarrent.
Ne faudrait-il pas tout reprendre ? me relancer dans des longues études ?
Je ne sais pas si j’en aurais le courage.

Ou la décoration d’intérieure. Mais il fallait passer par les arts. Et en dessin je ne suis pas douée. Je me serais fermée des portes ? pourquoi la fac de lettres, pourquoi la communication ? aurais-je cru que j’arriverais à m’en sortir avec un bagage pareil ?

Le monde, décidément, est loin de me réserver des bonnes surprises.

Ou une école d’informatique. A l’époque c’était payant. Ça doit toujours être le cas. Ah ah super l’école gratuite.
Il existe toujours des moyens détournés mais pas pour tout.

Le seul job sur Pôle Emploi, dans ma ville, ce matin, c’était "laveur de vitres". J’ai les compétences, je suis une femme au foyer et j’ai déjà bossé comme femme de ménage. J’ai plus qu’à postuler.

L’apitoiement n’est pas présent et n’est pas à voir entre ces lignes. Il n’est question que de réalitéS. Et de possibilitéS.
A l’heure actuelle, à quels postes puis-je prétendre ? où postuler ? que faire ?
J’ai tenté par dizaine les candidatures spontanées, merci bien. Continuer encore.

Créer sa propre société. Faut l’idée et les moyens. J’ai le cerveau et le compte en banque à sec.
Je ne me cherche pas d’excuse. Mais trop d’argent dépensé pour ces études qui n’apportent rien. L’amertume grandissante face à l’échec. Face au système qui tourne de travers. Face à la non-solution. Tout ça pour en arriver là ?! j’aurais dû faire autre chose.

Enseignement technique, professionnel, la solution était devant mes yeux, permanente. Mais le corps enseignant, poussé par le gouvernement, croit juste de préciser à ses élèves : « les bons élèves vont en filière générale, les meilleurs en section S, les feignants en Littérature et les autres en section économique, les mauvais, les délinquants, les bons à rien en filière technique. » J’étais dans la catégorie ‘les autres’.
Fais ton choix à 16 ans après un discours pareil. Personne ne veut être du côté des faibles.

En attendant moi je galère. Je vieillis. J’ai bientôt 25 ans et à l’heure où beaucoup ont entamé leur vie professionnelle, je suis restée sur le carreau, brisée par la douche glacée de la réalité. Je me traine péniblement d’une idée à une autre, idées qui n’aboutissent jamais. Je voudrais moi aussi pouvoir vivre mieux, avoir un salaire et programmer des vacances. Je voudrais dormir mieux la nuit en sachant que le matin le réveil sonnera.

J’ai une lessive à étendre, ça me prendra 10 minutes. Mais ce qui est bien avec la lessive, c’est qu’après y a le repassage et ça m’occupera au moins une demi-journée…

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Commentaires
L
Quel que soit ton parcours, on te reprochera toujours un truc. Pas assez de diplômes ou pas assez d'expérience, trop jeune ou trop vieille, trop ambitieuse ou pas assez... Le problème, c'est que dans le "contextéconomiquactuel", comme il n'y a pas beaucoup d'emplois disponibles, les portes s'ouvrent moins qu'en d'autres temps plus favorables. Mais accroche-toi, il suffit d'un. Courage.
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G
Ne désespère pas et donne toi les moyens de changer ta vie
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Z
Cassandre : Je n'ai jamais pensé que le droit était une filière facile, où tout coulait de source. Je ne dis pas non plus que je serais arrivée à passer le concours de la magistrature. Mais je sais que plusieurs flics font du droit avant de rentrer dans la police. <br /> Je voulais seulement dire que j'avais peut-être fait le mauvais choix et qu'aujourd'hui, je regrettais de ne pas avoir choisi la filière du droit...<br /> <br /> Pour ce qui est de reprendre des études, pour le moment c'est pas prévu. Je ne peux pas financièrement me remettre à 8 ans voire plus, d'études. Sans compter que je sais pas si j'en aurais le courage, la force (mentale) de m'y recoller.<br /> <br /> Petite Conne : non certes mais faire un an d'alternance et reprendre un cursus complet y a pas les mêmes proportions. <br /> Justement, j'en suis arrivée à un stade où je regrette. Pas tellement ce que j'ai fait mais le mauvais choix que j'ai fait.<br /> Ok il y a des choses que je sais faire, je le reconnais. Mais rien qui ne peut m'amener un vrai boulot, concret.<br /> <br /> Lujena : j'ai franchement du mal à voir mon bac+4 autrement que comme un boulet. <br /> Peut-être que c'est juste une phase et d'ici un mois, j'aurais de nouveau la foi. Mais là... <br /> <br /> Dorsi : comme j'ai dit à Cassandre, je ne dis pas que ça aurait été plus facile de choisir le droit... mais disons que même si c'est dur, quand tu es avocat ou magistrat, c'est moins difficile de trouver un job. Après c'est évident qu'il faut y arriver et ça , ce n'est pas simple.<br /> Si il y a des choses qui m'attirent mais le problème c'est l'argent. Je dois bosser au moins quelques années avant de repenser à faire des longues études.<br /> <br /> Merci pour vos commentaires, j'ai un peu de mal à trouver le positif en ce moment mais j'espère que ça reviendra...
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D
moi j'ai fait un DUT Carrières Juridiques, ça devait ouvrir plein de porte et blablabla seulement à notre sortie en 1992, c'était la crise et oui déja et alors on avait le droit à "études trop courts", "pas assez d'expérience", j'ai des copines qui ont continué le droit en fac et on leur a dit qu'elles étaient trop diplomées. En fin de compte on a toutes finies par faire un métier sans aucun lien avec le droit. Il faut le petit coup de pouce ou alors comme moi qui ai fait de l'hotellerie pour finir assistante ds un cabinet d'étude de marketing. Bon c'est sur que laveur de vitres ne doit pas mener à grand chose. Tu peux peut être t'inscrire pour la rentrer pour faire un BTS ou DUT ? Il n'y a pas une filière qui t'attire plus ?
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L
Ah bah j'allais dire la même chose que Petite Conne, rapport au Bac+4, que ce bagage c'est pas un ptit baluchon qui traîne au bout d'un pauvre baton à moitié pété..<br /> Bon, en essayant de ne pas trop faire doublon : tu as fais des études, qu'elles t'aient menée à un carrefour de possibilités au lieu d'un emploi... cela arrive! <br /> Après, tu es jeune, tu peux changer d'orientation, changer de filière... c'est sûr, il faut de la volonté des et moyens aussi parfois pour se relancer dans les études. mais pourquoi ne pas essayer? Au moins, ça te feras peut être une chose en moins à ruminer ;-)
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P
Oui mais sauf que t'es pas une femme au foyer de cinquante ans avec du gras au bide et les cheveux en bataille. T'es jeune et t'as encore le temps de rectifier les choses. <br /> Moi je sais qu'en septembre, peut être, je vais repartir pour un an d'alternance. Voilà. Ca me fait chier mais pas plus que ça si jamais ça me permet de trouver une nouvelle voie. <br /> Mais surtout regrette pas ce que t'as fait à la fac. Ok, ça te donne rien de concret et sur ce point là, je suis d'accord avec toi, car dans la même situation. MAIS ça sert à rien de se dire qu'on a pas assuré dans le passé. T'aurais très bien pu tout rater et te retrouver sans rien maintenant. Or t'as ton bac+4. Ce qui faut maintenant, c'est arriver à mettre en valeur ton parcours, en faisant la liste de toutes les choses bien que t'as appris, et il y en a forcément.
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C
Pour être dans le droit, je peux te dire que tu l'idéalises énormément. Beaucoup ont un master de droit et font un métier totalement différent. Le concours d'avocat est très difficile, celui de la magistrature (pour être juge par exemple ou procureur) n'en parlons pas. Pour être greffier là c'est différent, mais c'est via un concours de la fonction publique. Et comme d'habe, beaucoup d'appelés et peu d'élus^^.<br /> <br /> Alors évidemment, certains y arrivent. Peut-être que toi, tu aurais réussi à aller jusqu'à l'ENM. Mais sache que tous les étudiants rêvent de ça en arrivant en 1ère année... mais la majorité sont dégoûtés du droit en voyant de visu ce que c'est.<br /> Cela dit il n'est pas trop tard : tu peux très bien reprendre des études à la rentrée. Par contre si tu as besoin d'être encadrée, je te conseille plutôt le DUT que la fac, même si c'est plus intensif et qu'on voit des matières de 1ère, 2ème et 3ème année de droit dès la première année.<br /> <br /> Le but de mon commentaire n'est nullement de te décourager, mais juste de te dire que le droit mène certes à un diplôme, mais aucunement à un boulot assuré. Comme toutes les facs quoi^^.
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