Publicité
Revoir un Printemps
26 juillet 2010

Absence de liens

Consigne : écrire un texte dont l'incipit est "Elle était si jolie"

Elle était si jolie, si jolie avec ses longs cheveux bruns et ses yeux verts. En les regardant, il y voyait tout un monde qu’il n’avait pas connu, celui de l’enfance heureuse. Il y voyait son émerveillement devant les premiers flocons de neige l’hiver et son rire éclatant dans un été chaud, ses prunelles pétillantes, un panier de cerises à ses pieds. Il entendait sa mère crier son prénom sur le seuil de pavillon à l’heure du goûter.
Lilly…
Il regardait ses boucles en passant une main dans sa chevelure, elle était douce et l’odeur du shampooing à l’abricot s’en dégageait. Sa peau bronzée de fin d’été se reflétait au soleil, les ombres d’un saule pleureur dessinait des arabesques sur son corps. Elle portait une robe courte, rouge foncé, légère, il faisait encore bon. C’était un cadeau pour la rentrée des classes, pour son entrée en CP, chez les grands. Lilly n’avait pas pu attendre le lundi suivant pour la mettre et dans un caprice avait réussi à faire craquer sa mère.
Sa mère qui, souvent, du seuil de leur maison dans la campagne l’observait jouer. L’instinct maternel était arrivé d’un coup et elle ne se lassait pas de voir sa fille se balancer sur la balançoire accrochée à l’immense tilleul du jardin. Tout un monde était né avec Lilly.
Elle était couchée et avait les yeux fermés, Erik la regardait, il voulait qu’elle se réveille, il voulait encore jouer avec elle. Il se tenait à genoux à ses côtés dans l’herbe, il lui avait pris la main. Il ne voyait rien d’autre autour, il ne voyait ne sentait qu’elle. Il ne voulait rien de plus.

*

Il arriva à pied, en marchant dans la pelouse pour ne pas faire crisser le gravier sous ses chaussures, il n’était pas seul. Il avait les mains moites, la chaleur et le stress faisaient glisser des gouttes de sueur dans son dos. Il les avait vu de loin, il n’était pas pressé d’arriver pourtant il devait se dépêcher.
Il mit l’homme en joue. Erik était costaud, sa musculature brutale et sa vision acérée.
D’un regard, il vit le corps de la petite. Il était bleu, mauve et jaune sous les coups. Les doigts d’Erik avait laissé des traces autour du cou fin de Lilly. Et le rouge de sa robe se confondait avec celui de son sang.
Ce n’était pas la première petite fille avec qui Erik jouait, mais ça serait la dernière.

Publicité
Publicité
Commentaires
K
Des souris et des hommes.
Répondre
Revoir un Printemps
Publicité
Publicité