Celle qui retrouvait des vieux textes perdus*
Au hasard des feuilles pliées en deux, retrouvées dans une boite en fer décorée, retrouver un début de texte écrit il y a 4 ans. Le relire, le trouver pas trop mal.
Mais surtout ne plus savoir ce qu'on voulait en faire, où on voulait amener Marc le mal rasé, qu'est-ce qu'on voulait écrire déjà...?
Un bruit de vague et un cri de mouette, Marc shoote dans un galet, il longe les quais qui le mènent vers la plage. Quasiment les mêmes gestes qu'il y a cinq ans mais pourtant lui n'est plus du tout le même. Naïf, heureux de vivre à l'époque ; aujourd'hui il est sombre et n'attire plus les regards.
Barbe de plusieurs jours, bronzé, un peu sale, il s'est endurcit. Forcément quand on a fait ce qu'il a fait, on change. Forcément qu'après avoir torturé et tué, on change.
Il ne ressent presque plus rien, du jeune beau et plutôt populaire, il est devenu un homme froid et solitaire, en fuite et sans attaches.
Un petit port, une ville de Bretagne, un ciel noir et une enfance qui remonte. Sa vie qui défile, le vélo, les coups, Noël, les parties de foot dans la cour de l'immeuble tard les soirs d'été, la mort, les premiers cours séchés, les manifs, les filles, les clopes, l'alcool, le rock, l'université. Un passé couleur sépia comme celui de tant d'autres garçons, ni plus ni moins.
Puis la lettre, un jour d'automne en octobre. Et l'enfer.
La torture et tout ce qui conduit irrémédiablement vers le fond.
Il y a cinq ans, il était là, assis ici, exactement au même endroit. Il décachetait l'enveloppe, celle qui allait tout changer.
A l'époque, il ne savait pas.
Et aujourd'hui je ne sais plus quoi faire de ces mots.
* titre emprunté à la fois à une célèbre série et à Isa qui en a repris l'idée il y a peu ;-)