L'obscurité suspend tout. Il n'y a rien qui puisse, dans l'obscurité, devenir vrai.*
Le jour s'en va, la tête sur l'oreiller, étendue. Détendue. J'arpente les galeries du sommeil, de l'oubli. Je crois que Morphée va m'accueillir. Les yeux clos, je suis calme. Le contexte est idéal. Puis, je me mets à penser, à réfléchir, à élaborer, à rédiger des textes, des articles. J'écris mes histoires, j'en bâtis les récits. Le corps est assoupi mais mon esprit travaille, intensément, avidement. Il n'y a pas de répit à cette heure-là.
C'est au creux des heures perdues que mon inspiration est la plus vive. Dans la douceur des draps, dans l'obscurité feutrée des nuits. Je construis mes plus beaux textes au moment de m'endormir. Au matin, j'ai tout oublié. Reste le sentiment de la beauté. Mais le concret des mots s'égare.
Pendant ces instants-là, tout est parfait. Les mots s'enchaînent dans un schéma régulier, complet. Ils s'imposent, avec facilité, si naturellement. Accomplis. Je n'écris jamais aussi bien. Je ne retrouve jamais cet état en pleine journée, éveillée. Il y a toujours un parasite, je me déconcentre si vite. Je suis parfois vaseuse, à essayer de me souvenir, de forcer les portes de mon esprit. La journée, tout est si confus, si lourd. Si collé. Une seule chose peut tout faire basculer et m'entraîner. Je me morfonds devant l'écran, je n'y arrive pas. Je tente. J'échoue.
Il ne me reste qu'une chose à faire. Attendre. Le crépuscule, la nuit, les ténèbres.Pour m'imaginer écrivain.
* Alessandro Baricco - Océan Mer