Alabama Monroe
L'histoire : Didier aime la country et l'Amérique. Élise est tatouée de haut en bas, de bas en haut. Ils se rencontrent, sur des airs de country vont s'aimer, passionnément. De leur union fusionnelle naît Maybelle... et puis tout bascule.
J'avais tilté sur l'affiche du film que je trouvais particulièrement belle en me disant que ça pourrait être une séance intéressante. En me penchant d'un peu plus près sur le film, je découvre, avec horreur, que le réalisateur n'est autre que Felix Van Groeningen. Qui ça ? Un belge dont je suis allée voir le premier film : La merditude des choses. Un film vanté comme une comédie géniale qui s'est avéré être une succession de caca, vomi, cuites et sexe. Croyez bien que ça m'a vite refroidi. J'ai tergiversé pendant des heures car Alabama Monroe bénéficie lui aussi de bonnes critiques, et puis, finalement, je me suis lancée.
Et j'ai fort bien fait !!
Alabama Monroe est à mille lieues de La merditude des choses.
Alabama Monroe, c'est la rencontre vibrante de deux êtres, Didier et Élise , qui vont s'engloutir d'amour. Justes, touchants, ils vont être confrontés à la terrible maladie de leur fille, Maybelle.
Ils vont chacun appréhender le drame de manière différente. Très sincères dans leur interprétation, Johan Heldenbergh et Veerle Baetens portent ce film au fil de leurs émotions, de leur histoire. Les peines se gravent dans la chair comme les tatouages qu'Élise dessine sur son corps. Le spectateur est à la fois porté par la musique Bluegrass qui ponctue le film, enchanté par la passion d’Élise et de Didier, conquis, perdu, attristé... bien sûr le mélo n'est pas loin, les larmes non plus, mais au vu du sujet, on ne peut pas faire comme si de rien n'était.
Peu importe, le spectateur est bringuebalé, bousculé, en ressort certainement meurtri. On y pense encore et encore, la tête pleine de musique country enivrante.
Quant à la réalisation de Felix Van Groeningen, elle est soignée, délicate, cette lumière qui balaie le pays flamand, travaillée, sublime les corps de Didier et Élise. Très belle photographie où le drame s'insinue dans la légèreté. Les flash-back nous font découvrir cette histoire d'amour à rebours, rendant encore plus cruel l'avenir. Les dialogues sont dans le vrai et pour un sujet où le thème est la maladie d'un enfant, il n'est pas facile d'arriver à ce niveau de vérité et de simplicité.
Une séance que je ne regrette absolument pas, j'en avais des frissons sur les bras et la tête toute chamboulée. C'est ça que je veux au ciné, qu'il provoque une vague d'émotions, tant pis si elles font un peu mal. Si le prochain film de Felix Van Groeningen est de cette qualité, de cette beauté, je signe tout de suite. Difficile de croire qu'il s'agit du même réalisateur, tant Alabama Monroe est humain, doux, cruel, plein de justesse.