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12 avril 2015

L'oeuvre au noir de Marguerite Yourcenar, 8/42

OeuvreAuNoirBien naïvement j'ai cru que lire L'oeuvre au noir serait facile et rapide. Ce roman de Marguerite Yourcenar est paru en 1968 et nous raconte l'incroyable vie de Zénon. Personnage imaginaire à la fois clerc, médecin, philosophe et alchimiste, Zénon parcourt l'Europe au XVIème siècle, période charnière entre le Moyen-Âge et la Renaissance. Très intéressé par la chirurgie, l'étude du corps humain, ses mystères, ses maladies, il est aussi un grand humaniste et il n'aura de cesse d'assumer ses choix d'homme de science tout au long de sa vie, même si pour cela il doit aller en prison. Car c'est une période sombre pour les libres-penseurs, la médecine est encore mal considérée et la présence de l'Eglise très puissante. Dans L'oeuvre au noir, le lecteur suit Zénon de sa naissance à sa mort, dans un récit divisé entre trois grandes parties : La vie errante, La vie immobile et La prison.

En commençant L'oeuvre au noir, je ne m'attendais pas à un tel niveau de complexité et j'ai du plus d'une fois relire certains passages tant les réflexions théologiques sont nombreuses, notamment lors des chapitres L'abîme et L'acte d'accusation. La plume de Yourcenar est d'une qualité parfaite, je n'y reviendrais pas, à tel point que je ne me sens pas vraiment à la hauteur pour donner mon avis sur ce roman. Néanmoins, le résumé vend l'achimie comme thème principal, le titre désigne en effet la première étape pour atteindre le grand oeuvre, c'est-à-dire la transformation du plomb en or ou la création de la pierre philosophale. Le résumé n'est pas menteur mais il est finalement peu question d'alchimie dans ce roman, je m'attendais à me retrouver confrontée aux tentatives de Zénon, aux explications sur les procédés utilisés et ce n'est pas le cas.
Cette quête initiatique parle davantage de la situation historique de l'époque - de bonnes connaissances permettent sans doute une lecture plus aisée - du combat des médecins pour guérir toujours plus de patients notamment en s'essayant à la chirurgie, avec la pratique des autopsies pour une meilleure compréhension du corps humain, des réformes des religions, de l'organisation politique et du monde qui est en train de voir le jour ; Zénon, largement en avance sur son temps, se fera de nombreux ennemis et vivra quasiment toujours dans la peur.
J'ai largement préféré les passages d'action que de réflexion qui sont beaucoup plus à ma portée, même si la qualité d'écriture de Marguerite Yourcenar était là, j'ai bien failli lâcher l'histoire en cours de route par moments...
Sans aucun doute, le roman des cinquante livres du siècle le plus complexe que j'ai lu jusqu'à aujourd'hui.

J'ai lu au total 8 livres sur les 42 manquants dont deux que je n'ai pas encore chroniqué : L'étranger d'Albert Camus (et number one de la liste) et Thérèse Desqueyroux de François Mauriac.

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Commentaires
Z
@ Audrey : tu m'étonnes ! ça doit être chaud de l'étudier car il est quand même complexe. Je me suis un peu faite avoir si je puis dire, car je ne m'attendais pas du tout à ça !<br /> <br /> <br /> <br /> @ Marlowe : Il faudrait peut-être que je lise celui-là aussi mais bon si c'est du même niveau, il va falloir que je sois très très réveillée ! lol<br /> <br /> Pour Thérèse Desqueyroux, il faut que je prépare l'article.
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M
Je kiffe Marguerite Yourcenar (si tu me passes l'expression), les Mémoires d'Hadrien m'avaient fait l'effet d'une gifle, L'oeuvre au noir m'était un peu plus tombé des mains, mais comme toi, je trouve son écriture incroyable, extraordinaire. J'attend avec impatience ton avis sur Thérése Desqueyroux, bouquin austère mais profond (comme Audrey, étudié à la fac celui-là !).
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A
Je l'ai étudié durant ma licence et pour être en mesure de le connaître correctement, je l'ai lu deux fois de suite mais j'en ai bavé si j'puis dire ! <br /> <br /> Or parcours universitaire, je ne pense pas que j'aurais eu le courage de m'y plonger. Je me souviens de quelques passages et notamment de la fin (enfin de la dernière partie) qui m'avait vraiment marquée.
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