Face au vide
Avant quand j’allais mal – tristesse ou colère – j’avais le réflexe d’écrire pour extérioriser, pour faire sortir mon mal-être comme on ferait sortir du pus d’une plaie. Depuis quelques temps, j’ai tendance à tout garder pour moi, tout garder à l’intérieur. Je ressasse. J’amène les mauvaises pensées, la colère, la tristesse contre moi, j’en fais un rouleau que j’alimente avec encore plus de choses négatives, je tisse, je roule ce mal-être. Il grossit. Il grossit jusqu’à prendre beaucoup de place, beaucoup trop de place. Tout devient noir. Je n’arrive plus à penser à autre chose. Je n’arrive plus à penser tout court. Et je tisse, et je tisse. Et je roule mes mauvaises pensées comme pour en faire un cocon dans lequel j’aurais envie de m’allonger et de dormir.
Je n’ai pas besoin de psy pour savoir que ce n’est pas une bonne chose et que c’est sans doute un symptôme d’un état dépressif. Je ne sais pas de quand ça date. Peut-être de ce fameux 31 décembre où tout s’est écroulé. Ou bien d’avant. Impossible de me rappeler.
Ce que je sais en revanche, c’est que depuis mardi, je suis en colère et que cette colère, pour diverses raisons, a grossi. Jusqu’à atteindre une certaine apothéose aujourd’hui, ce qui a fini par former ce fameux cocon dans lequel j’ai envie de m’enrouler. J’avais mon après-midi de libre et je sens que ça va devenir une après-midi perdue. Perdue dans le temps. Envolée.
Je voudrais être forte et me dominer. Prendre le dessus. Me dire « ok c’est pas grave, tout va bien se passer ». Mais en fait je n’y arrive pas car accepter ça reviendrait à accepter des choses que je n’ai pas envie de faire pour une personne à qui je n’ai pas envie de faire plaisir. En fait, je n’ai pas envie de capituler. Mon choix est de dire non. Mais si je dis non, je perds tout. Je déteste ce genre de situation. Et je commence à détester de plus en plus cette personne de famille qui me fait me mettre dans cet état. Pour preuve, nous avons un événement familial prévu bientôt, si elle est là, je pense que je n’irais pas. Les pseudos-écolos qui votent à gauche mais se prennent pour des bourgeoises finies en te traitant comme de la merde, ça m’énerve.
Le téléphone vient de sonner, apportant une nouvelle qui me permet de rajouter des couches à mon cocon. Un problème au travail de mon homme fait qu'il risque de perdre son job.
Pour l’instant, je n’arrive ni à réfléchir, ni à décider. Je n’arrive même pas à éclater en sanglots (ça, c’était hier). Mon putain de cocon de douleur m’attend.