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Revoir un Printemps
27 mars 2006

Le coup de fil

Samedi, midi et des poussières, j’entrouvre les yeux, je devine le temps gris de dehors à travers le store. Je lui avais dit que j’allais faire des courses en ville mais finalement je n’irai pas, j’en ai pas envie. La télé diffuse son lot de conneries habituelles alors que je lui écris un message quand il m’appelle.
    -  Ma chérie, c’est moi, je viendrais pas aujourd’hui. Je viendrais pas avant une semaine au moins, voir plus.
Evidemment, je réagis mal et lui raccroche au nez. Je pense qu’il veut plus me voir, que c’est mort ça y est ; en un quart de seconde je me fais tous les films possibles et inimaginables. J’envoie un texto, il rappelle.   
    - Ma chérie, j’suis à l’hôpital j’ai un accident de moto. J’arrive à joindre personne, j’voulais pas te le dire. Je voulais pas t’inquiéter.
C’est incroyable à quel point je me sens mal, à quel point j’ai honte, à quel point je m’en veux. Le coup de fil est là, celui qu’on veut pas recevoir, celui auquel on ne veut pas répondre, celui de la souffrance et des urgences.
L’impression que tout s’écroule d’un coup, je balbutie quelques mots, il me demande d’appeler moi, de les prévenir, il ne me dit pas ce qu’il a mais à travers sa voix, je sens qu’il a mal, je crois qu’il pleure un peu aussi. Là tout se passe très vite et tout est un peu flou ce soir. J’ai appelé, je me suis préparée, on est venu me chercher, plus de 2h d’attente aux urgences avant d’avoir des nouvelles, avant de savoir, plus de 3h d’attente pour enfin le voir.
Il est pâle, couché, le jeans découpé, la jambe bandée pleine de sang. C’est la première fois que je le vois comme ça, si faible. Je prend un coup.
Plaie ouverte à la jambe droite, points de suture, hématomes et tout ce qui va avec. Rien de grave maintenant qu’on sait, maintenant que je le vois. Mais la peur a été là, j’me sens nauséeuse. On rentre, avec tout ça, tout le monde est au courant qu’on sort ensemble. Seul point positif de la journée. On s’est caché pour rien, on s’est pris la tête à se demander comment l’annoncer parce que ils s’en doutaient tous et ça leur fait rien !

Je suis un peu restée avec lui, puis j’ai fini par le laisser dormir. Je suis rentrée, me suis engouffrée dans une douche brûlante. Assisse au fond de la baignoire, l’eau qui ruisselle sur mon dos, je regarde mes jambes et vois des plaies qui n’existent pas. Elles saignent, j’ai mal enfin je crois avoir mal. Et la je comprends ce que c’est qu’être proche de quelqu’un. J’ai mal à sa place, en même temps que lui, je ressens la douleur. Certainement moins forte que lui mais je la sens quand même quoiqu’il en soit.  C’est une étrange sensation.
Je suis retournée passer la nuit avec lui, un dimanche gris à suivi oscillant entre lit et canapé.
Retour chez moi, seule, c’est devenu rare, y manque un bout de moi. C’était un peu surréaliste ce week-end, à la fois bien et terrible…

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Commentaires
L
J'arrive un peu après la bataille mais contente que tout se finisse bien.<br /> Il a fallut une cata pour que vous soyez "découvert" mais malgré tout ces heures d'angoisses vous pourrer vous aimez, comme tous les amoureux devraient, libre... ;)
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Z
_Léa_ : c’est clair que ça m’enlève un gros poids franchement je m’en rendais pas compte mais ça me bouffait le cerveau, l’inconscient tu sais ;-)<br /> <br /> SPirit : 1000 excuses de t’avoir foutu la trouille mais faut dire que j’ai tellement flippé moi aussi ! Parce que cet idiot a rien voulu me dire de ce qu’il avait. <br /> <br /> PC : Finalement, c’est cool c’est clair :-)<br /> <br /> Stef : même pas de plâtre puisqu’il a eu une plaie ! Elle doit cicatriser, il a un énorme pansement sur toute la jambe. C’est pas tant de la tristesse mais plus de l’angoisse, les hôpitaux n’ont rien de rassurant. Tu va souvent à l’hosto ?!!<br /> <br /> Tungstene : je crois que t’a raison, je sais pas si je suis plus proche mais je crois qu’on a passé un cap, le fait que la famille le sache, c’est notre première « épreuve » si je peux dire. Et puis un truc important aussi, pour moi, il m’a présenté ses potes les plus proches et je sais pas c’est un truc important pour moi, encore plus que la famille peut-être.
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T
Je sais pas, on dirait que ca t'a rendue plus proche de lui, ou alors que t'en es plus consciente. Comme on dit en rital "non tutto il male viene per nuocere" (les fautes d'orthographe en moins).
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S
Plus de peur que de mal, heureux de voir que ce n'est pas trop grave. Il va avoir un plâtre que tout le monde va devoir signer dessus, pour faire un souvenir. :)<br /> <br /> Je me suis rarement trouvé de ce côté de la barrière, en général quand je vais à l'hosto, c'est dans la position allongé. C'est con, mais quand on est le "patient", on a un peu de mal à comprendre pourquoi les autres sont "tristes", ce qui nous rends triste aussi. Alors si tu veux le voir rire un peu, fait lui les plus beaux sourirs comme tu sais si bien les faire.
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P
Bon...de mauvais moments qui sont passés,ça c'est sur.<br /> Maintenant bcp moins de pbs à l'avenir puisque tout le monde le sait.<br /> Plus de peur que de mal étant donné que tout va rentrer dans l'ordre.<br /> C'est cool :)
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S
Ouahh...ton post m'a fait flipper ma soeur, j'te jure!<br /> Laisse tomber, j'ai cru que c'était super grave e tout!<br /> Je suis super soulagé pour ton chéri!<br /> J'espère qu'il ira mieux tous les jours, mais avec ton amour, je sais que çaira!<br /> <br /> Courage et sincèrement bon rétablissement à lui, à vous!<br /> <br /> bises miss.<br /> SPirit, ce con pas loin.
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_
C'est dommage d'avoir dû attendre un accident pour tout le monde soit au cournat! Mais bon je pense que là c'est un sacré poids qui s'enleve! Plus besoin de trouver des pretextes pourris, plus besoin de se cacher! ca ve et faire du bien...<br /> J'espere qu'il ira vite mieux, et puis toi aussi un peu quand même...
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