Le passage de la Nuit
C’est le premier livre de Murakami que je lis et je me demande si tous ses romans sont écrits avec le même style. Quelque chose d’assez scénarisé, très détaillé, presque décortiqué mais qui ne s’embarrasse jamais de tournures pesantes. Ce qui ne nuit en rien à la qualité du livre.
Le temps d’une nuit donc, le lecteur est happé dans le monde tokyoïte où il croise toute une galerie de personnages dont les histoires sont des fils qui s’entremêlent sans fin.
Point central de ce récit : Eri et Mari, deux sœurs, aux relations quasi-inexistantes.
Forcément, ce sujet m’a touché. Impliquée.
Parfois j’ai regretté que l’explication de la non-relation entre les deux sœurs ne soit pas plus développée. Ça m’aurait permis d’y trouver un comparatif.
J’aurais aimé aussi avoir le point de vue d’Eri.
Quoiqu’il en soit, je me suis laissée emporter dans cette nuit, dans ce monde à l’ambiguïté de la réalité, cette légère touche de fantastique à peine effleurée.
J’ai aimé l’atmosphère calme et agitée de la nuit. Elle est finalement le personnage principal de cette histoire.
Sans elle, pas de rencontres. Sans elle, rien de tout cela n’aurait été possible.
Le lecteur est témoin de tous les actes de la nuit, de la prostituée chinoise, des pensées de Mari et de Takahashi, des hommes à moto et du portable abandonné.
Limite voyeur mais toujours impuissant, il assiste à la nuit complète, qui apporte au bout du compte une dose d’espoir…
"Elle interrompt sa lecture, regarde par la fenêtre. De son point de vue, au premier étage, elle peut observer le boulevard animé. Même à cette heure, les passants sont nombreux, les lumières vivent. Des gens sans destination, d'autres avec. Des gens sans but, d'autres avec. Des gens qui essaient de retenir le temps, d'autres qui cherchent à en précipiter le cours. Après avoir contemplé quelques instants le spectacle urbain ininterrompu, la fille inspire et se replonge dans son livre. Elle saisit sa tasse. Sa cigarette à peine entamée se consume sur le cendrier et forme une longue cendre régulière. " Le passage de la nuit, page 10