J’ai bu un verre de vodka avec du citron vert et des glaçons. En même temps, je lisais l’article d’Alice Fontaine dans le Femina d’aujourd’hui, Ma sœur, mon alter ego. A l’approche de la sortie en librairie du livre Entre sœurs, une question de féminité de Sophie Carquain et Maryse Vaillant, la rédaction l’a confié à la lecture de 5 femmes, elles livrent leur témoignage…
En feuilletant le magazine, je savais que je n’aurais pas dû lire cet article. Je n’aurais pas dû parce que les témoignages sont heureux et pleins d’un bonheur fraternel que je ne connais pas.
Mais j’ai persisté et je me suis interrogée sur les raisons de ce non-amour. Je me suis finalement rendue compte que toutes les femmes qui se racontent dans cette double page, ont toutes un lien avec leur sœur, quelque chose qui les rapproche, les unit et leur permet de tisser une relation, plus ou moins forte, baignée par une certaine affection et un certain respect pour ce que fait l’autre.
Personnellement, à part mon sang, je n’ai rien qui me relie à ma sœur. Elle ne serait pas ma sœur, nous ne connaitrions probablement pas et au vu de ce que nous sommes, je peux penser que nous ne serions pas amies. Ma sœur et moi sommes des extrêmes. Je ne sais pas si elle s’est créée un comportement, calqué sur le contraire du mien, par volonté, pour marquer une réelle différence ; ou si cette différence est absolument naturelle.
Bien sûr quand on était petites, on jouait ensemble et on dormait dans la même chambre. Mais cela ne signifie en rien que l’on s’entendrait plus tard, une fois adulte. Et le constat est celui que nous ne nous entendons pas.
Elle fait l’exact contraire de ce que je ferais. Je ne m’embellis pas pour plaire aux autres, pour être acceptée d’un groupe. Elle oui. Alors certes, on peut me reprocher qu’elle n’a que 18 ans et qu’elle se cherche. Je veux bien l’admettre. Mais à 18 ans, je faisais déjà les choses pour me plaire et non pour plaire à la masse, au groupe.
La liste peut continuer longuement. Et l’on pourrait s’entendre, à défaut de se comprendre, si cela s’arrêtait là. Mais ce qui empoissonne nos relations, c’est cette espèce d’animosité, d’agressivité latente, persistante, qu’elle a envers les autres, et principalement envers moi. Pourtant, je n’ai jamais été salope envers elle. Bon d’accord, quand j’étais ado, je l’envoyais chier. Mais ado, je ne le suis plus, et depuis longtemps.
J’ignore d’où peut venir ce ressentiment et ce qui le cause. Impossible d’aborder le sujet avec elle.
Le fait de vivre avec son extrême, son contraire le plus strict est déjà très difficile mais quand, en plus, celui-ci manifeste si souvent son mécontentement envers vous, c’est encore pire.  Ce qui fait que bien souvent je craque. Ce qui me manque aussi, c’est qu’elle soit complètement indifférente à mon expérience. Elle va entrer dans une période que j’ai moi-même vécu au même âge. Elle ne me pose aucune question et quand je tente d’en parler, cela ne se passe pas comme je l’espérais. Pourtant, je n’ai pas du tout l’intention de jouer les secondes mères ni les moralisatrices. Disons que j’aimerais bien qu’elle s’intéresse un petit peu plus à ce que je peux faire… ce n’est pas une question égo. C’est une question d’équilibre. Jamais elle ne vient au ciné avec moi. Pourtant je vais au ciné avec elle. Il manque un peu de réciprocité.
Des fois, j’en viens à penser que c’est mieux comme ça, qu’au moins je ne serais jamais déçue car je n’attends rien. Ce qui m’empêche certainement d’être plus cool, de peut-être faire perdurer la situation.
Se protéger avant tout pour parer à l’indifférence, à la jalousie, et à tout ce qui fait que j’en suis là, aujourd’hui, à écrire ce genre d’articles…