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Revoir un Printemps
4 juillet 2009

Se noyer là, où en fait on avait pied

Après avoir déménagé toutes mes affaires amassées en six années, je vais devoir vider la chambre que j’ai occupée pendant vingt ans.
Ah là c’est sûr que les proportions ne sont plus les mêmes. Et je ne cesse d’y penser. De penser aux choses que je vais devoir sacrifier, aux affaires que je n’emmènerais pas avec moi et qui finiront dans deux cartons au fond d’une armoire dans une pièce qui sera à la fois chambre d’amis et bureau.
Je ne préfère pas penser à ces cartons. Je ne veux pas y penser parce que la souffrance est toujours vive.
Et je lutte contre les sentiments qui me submergent pour faire face.
Pour montrer que je suis forte et que j’accepte que ma part d’enfance, d’adolescence est morte avec cette pièce que je quitte.
Ces sentiments que personne ne comprend.
On pourrait croire que ça remet en cause l’installation avec mon copain, mais non. C’est en parallèle. En fait je n’avais jamais réfléchi au fait que je perdrais cette chambre.
C’est pour ça que c’est douloureux. Peut-être que je pars trop loin dans mon délire. Après tout ce n’est qu’une pièce dans une maison.
J’en fais trop et je radote.
Mais en me réveillant en sursaut, prise d’une angoisse matinale, qui a insufflé une boule dans mon ventre et dans mon esprit, j’ai eu envie de mordre très fort le drap et de laisser couler mes larmes.
Je ne comprends pas cette tristesse si forte que je ressens, je ne l’explique pas, je ne sais pas d’où elle vient. Ma mère m’a demandé comment j’aurais voulu que ça se passe, et je ne suis pas capable de lui répondre.

2104085873_1Depuis j’ai commencé à vider mes affaires, à ramener mes habits, mes livres. Il reste encore beaucoup beaucoup de choses. D’ailleurs, aujourd’hui en remplissant mon sac, j’ai eu envie de tout en apporter d’un coup. Que ça y est, ce soit terminé. Que je tourne cette page et que ma sœur finisse d’investir les lieux. D’ailleurs niveau délicatesse et galanterie, elle a encore bien du chemin à faire. Pas un mot de remerciement, ni une parole gentille. Et pire, elle a décidé de s’y installer avant même que je sois complètement partie et que j’ai enlevé mes affaires. C’est pas très propre et je me sens bel et bien chassée. Je sens que je suis de trop pour elle, qu’il y a trop de moi encore, trop de mes affaires (qu’elle ne s’empêche pas de s’approprier au passage).
Pas une seconde, elle ne s’est demandée ce que ça pouvait me faire, ni ce que je ressentais. Elle aurait pu dire « prends ton temps pour enlever tes affaires, je ne suis pas pressée. » ou « ça te fait pas trop de peine de laisser la chambre ». Des trucs sans originalité soit mais qui aurait montré qu’elle s’intéressait à ce que ça pouvait me faire.
L’envie de tout débarrasser est décuplée par son attitude.
Plus vite ce sera fait, mieux je me sentirais (enfin j’espère).

Pouvoir mettre un point final à la phrase.

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Commentaires
A
C'est bizarre sa façon de réagir, vraiment. Après ce n'est que dans la continuité de ce que tu nous racontais jusqu'à présent...<br /> <br /> C'est vrai que PC a raison, les souvenirs sont quant à eux dans la tête pas dans les cartons.<br /> <br /> Mais je pense que le temps jouera sa part des choses, de son côté comme du tien.
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P
Jai pas mal de défauts mais j'essaye souvent de me mettre à la place des gens...et j'y arrive bien. De ce fait, je peux comprendre ton désaroi. Même si je serai du genre à dire à mes parents, quand je partirai vraiment : investissez les lieux au mieux!<br /> Je comprends aussi ton impression de "je souffre à mort, c'est sincère, mais je sais que de l'extérieur, ça parait abusé".<br /> <br /> Je crois que dans certaines étapes, personne peut vraiment nous comprendre et nous aider. Du coup, autant se taire et avancer. Là, comme jt'ai dit, t'as trop de trucs qui arrivent en même temps et c'est pas cool. Ma foi, laisse toi du temps. Les meilleurs souvenirs sont dans la tête et non pas dans les cartons ;)
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M
J'vais peut être me faire l'avocat du diable, mais le manque de compréhension de ta soeur n'est peut être qu'une façade.<br /> Je ne sais pas qu'elles sont vos relations et le degrès de communication dans ta famille, mais par exemple moi, petite soeur de l'aînée qui a quitté la maison, j'étais un peu ronchonne quand elle revenait ... C'est stupide, mais c'était la façon que j'avais trouvé de lui faire comprendre que je lui en voulais, que je l'enviais, qu'elle me manquait ... mais tout ça, chez nous, ça ne se dit pas.<br /> J'pense pas que ta soeur soit sans coeur sur ce que tu traverse ... C'est un cap a passer pour toi, mais pour elle aussi. Pour elle aussi, c'est la fin d'une période où toute la famille est unie sous le même toit.<br /> <br /> Tu n'es pas chassé de chez toi. Maintenant, tu as ton propre chez toi, ton home sweet home. Ce n'est qu'une chambre, le concept de la famille reste intacte, et tu pourras toujours revenir ^^
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M
Je te comprends. Mon père m'a demandé l'automne dernier de vider ma chambre, alors qu'il a un appartement immense et qu'il n'a aucune envie de déménager ... Bon courage !
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D
Tiens,je te donne une grosse boîte de kleenex multicolores pour sécher ses larmes.<br /> J'ai pas ressenti ça qd ma mère à transformer ma chambre en chambre d'ami mais peut être est ce parce que ce n'était pas pour donner à un frère ou une soeur (en mêm temp je suis fille unique. Il y a peut être une petite jalousie que ta souer soit encore avec tes parents.
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