Searching for Sugar Man
Fin des années 60, Sixto Rodriguez est repéré par des producteurs dans un bar de Detroit, il enregistre deux albums sur le label Sussex, dirigé par Clarence Avant, ex-président du label Motown.
Sa musique splendide passe totalement à côté des oreilles américaines, c'est un échec. A tel point que l'on prêterait une mort tragique à Rodriguez qui se serait suicidé sur scène...
Trente ans plus tard, deux fans de Rodriguez partent à la recherche de "Sugar Man". Le résultat est ce documentaire bouleversant réalisé par Malik Bendjelloul fait de surprises, d'émotions, de magie et bien sûr de musique.
Si le film et l'affiche vous disent quelque chose, c'est normal Sugar Man a reçu entre autres le prix spécial et le prix du public au Festival de Sundance et l'Oscar du meilleur documentaire en 2013, il a reçu au total une dizaine de récompenses.
Sugar Man est un documentaire magnifique sur une histoire incroyable, mystique, irréelle... Très bien filmé, il montre des images superbes avec une belle lumière de Détroit, Michigan, du Cap en Afrique du Sud. Le sujet prenant - le mystère qui entoure la vie de Sixto Rodriguez, qui était-il, d'où venait-il, comment était-il mort - est parfaitement relayé par la réalisation, rythmée, loin du documentaire classique, c'est une véritable enquête faite par deux journalistes qui est retracée. Les critiques sont unanimes et pour une fois, elles ont absolument raison, surtout quand on sait que le film a été réalisé sur trois ans et sans presque aucun moyen financier, car aucun producteur ne voulait s'engager...
Le destin de Sixto Rodriguez est tellement surprenant qu'il aurait pu être une histoire inventée, mais non... sa musique fait vraiment impression et on a du mal à croire qu'elle soit passée totalement inaperçue aux USA. Contrairement à l'Afrique du Sud, où Rodriguez, sans le savoir, a vendu des centaines de milliers de cds, principalement dans la jeunesse blanche de l'Afrique du Sud, écrasée par l'Apartheid. Comme les témoignages l'expliquent dans le reportage, il est d'un seul coup devenu un peu une figure de la lutte contre l'oppression, les jeunes y ont vu que l'on pouvait, que l'on devait critiquer la société et se sont sentis libérés par les paroles de ses chansons, même si certaines ont évidemment été censurées.
C'est très intense de voir qu'il était une icône à des milliers de kilomètres de chez lui, sans jamais le savoir.
La bande-son est géniale, et permet de découvrir sa musique aux tendances folk, très belles mélodies, une voix planante...
J'hésite à parler de la seconde partie du film car il y a vraiment une incroyable nouvelle au milieu du documentaire : le moment où les journalistes sud-africains se rendent compte que Rodriguez, contrairement à tout ce qui a été dit, est encore vivant, habite toujours à Détroit et est ouvrier du bâtiment...
Personnellement, à partir de là, j'ai pleuré jusqu'à la fin du film. C'est tellement bouleversant de voir la vie qu'il mène et l'accueil qui lui est fait en Afrique du Sud quand il s'y rend pour la première fois pour 6 concerts, tous à guichets fermés. Cette joie du public, cet homme humble, simple face à 5 000 personnes qui l'acclament, c'était... waouh.
Ca fait longtemps qu'une telle personnalité ne m'avait pas fait cet effet-là.
Sugar Man est très loin d'être un documentaire classique, un genre de mythe sur un musicien fantôme et sa musique envoûtante...