Etrange sensation
Il est 6h15, la sonnerie du réveil me sort d'un sommeil protecteur, il est tôt mais pourtant je ne suis pas fatiguée. Sur le dos, je reste immobile un long moment avec un étrange sentiment que rien ne se passe comme je le voudrais, la désagréable sensation de ne pas être maître de son destin. Finalement, je décide de me lever, je vais être ne retard sinon, tout est calme, probablement tout le monde dort encore.
Il fait chaud dans la salle de bains, trop chaud sûrement, mes coups de soleil me brûlent. Les cheveux en bataille, vêtue d'un tee-shirt orange bien trop grand, les yeux cernés, je me regarde et me dit que vraiment j'aimerais bien être heureuse, et si possible pas dans 20 ans. Je me dis que j'passe à côté d'un truc, le problème c'est que c'est pas moi qui décide.
Puis j'me sens mal, je sais ce qui va arriver, j'essaye de contrer les événements en allant me recoucher. Je crois que ça a passé, mais quand je me retrouve de nouveau dans la salle de bains, ça reprend. Ma vue se brouille, ça fait comme un fond noir parsemé d'étoiles, mes oreilles sifflent, je perds le contrôle. Je tombe comme au ralenti, je sens ma tête qui heurte le carrelage assez violemment puisque au travers de la brume je sens le coup. Je vois plus rien, je respire mal, je crois que j'ai peur. Je me sens oppressée, je suis toute souple, on pourrait tordre mes membres dans n'importe quel sens ils ne se casseraient pas, ils semblent élastiques. Je suis étendue n'importe comment comme une poupée, j'ai plus de forces, je sais que je vais m'enfoncer dans cette torpeur. Dans un éclair de lucidité, je réalise que je ne dois pas rester dans cet état. Je ne me rappelles plus comment j'ai réussi à me relever, ni à traverser ma chambre, puis le couloir. Par contre, je me souviens avoir appelé ma mère mais ma voix me paraissait lointaine et sourde. Je suis retombée une deuxième fois dans le couloir. On a du me conduire dans mon lit, puisque j'y étais quand je me suis réveillée 2h plus tard.
Ça fait peur ce genre de chose, on se sent partir, ça devient noir et on est seul. On a beau appelé à l'aide, on a l'impression que personne ne nous entend. On tend les bras vers le vide, il y fait froid. C'est étrange et contradictoire. Contradictoire parce qu'on se retrouve isolé, dans une bulle et même si c'est noir, on sait que là personne ne peut nous atteindre. On est dans une sorte de torpeur protectrice, on ne veut pas en sortir, comme un monde parallèle. On est nous mais c'est diffèrent, comme si on était ailleurs. C'est une drôle de sensation, isolé mais quelque part protégé. Si on pouvait se mettre dans cet état sans aucun risque, de nombreuses fois je m'y isolerais. Une bulle protectrice où je ne serais jamais triste, juste moi et bien…