Jamais bonne à prendre
J’ai toujours réfléchi, j’ai toujours pesé le pour et le contre, étudié toutes les possibilités, toutes les voies. Seulement, souvent, on te demande de faire un choix. Un choix crucial à un moment crucial.
En 3ème, tu dois déjà savoir ce que tu veux faire de ta vie. A cette époque-là, je voulais faire des sciences, surtout de la bio et de la chimie. Mais j’ai revu mes prétentions à la baisse. Je suis partie en voie générale option éco. Et même si j’aimais beaucoup ça, j’ai voulu faire une première L. Mon prof de français m’a planté un couteau dans le dos en écrivant sur mon livret scolaire que je savais à peine lire et écrire et que ma compréhension était loin d’être suffisante.
Soit. J’ai passé un bac éco. J’ai bien aimé, l’éco surtout, ça m’apportait pas mal de trucs pour comprendre comment marchait les sociétés. Disons que c’était du pratique mais je ne me voyais pas continuer là-dedans.
Quelques mois avant juin, on te donne un dossier d’orientation que tu dois remplir pour ton avenir, ton job, ton futur.
Et là, ça a été le gros blanc. Que faire ? Où aller ? Étudier oui mais quoi ? Et pour faire quoi au final ? Parce qu’il faut penser argent, stabilité, parce que même si on se dit que la galère ça sera pas grave si on fait ce qu’on aime, les parents sont là pour te rappeler que malgré tout c’est important.
Je savais que je voulais écrire et les métiers qui rapportent en écrivant, y en a pas beaucoup. J’ai tenté le journalisme. L’iut m’a jeté, je n’avais pas 15 de moyenne.
Donc la fac. Sciences de l’Information et de la Communication. Des beaux mots et plutôt un bon programme. Ce qu’on ne m’a pas dit, c’est qu’après la fac, il faudrait que je fasse une école privée. Une école privée que je n’ai pas pu faire vu les prix.
Retour à la case départ. J’ai quand même continué parce qu’arrivée à la licence, je ne pouvais pas tout recommencer ailleurs.
C’est con parce qu’aujourd’hui, je SAIS que j’aurais du faire autre chose. La com, c’est bien beau mais ça ne donne pas de boulot.
Mais il a fallu choisir. J’ai hésité, longtemps, avec le droit, la géo, l’informatique, surtout le droit.
Finalement, je vais tenter l’enseignement. J’aime ça. Mais.
Mais aujourd’hui, je connais des tas de possibilités qui m’intéressent, m’attirent, et que je ne connaissais pas à l’époque. Sauf que là, je ne peux plus trainer, j’ai plus droit à l’erreur. Je dois faire un dernier choix.
Ces derniers jours, je me suis prise à rêver de « diriger » une salle de classe, chose qui me tétanisait il y a peu. Je ne suis pas moins inquiète. Je suis résolue. Pour des tas de raisons.
Je me vois un peu plus dans mon futur rôle mais je pense qu’un jour, je changerais d’orientation pour finir par faire un truc que j’ai raté maintenant et que je ne voudrais pas regretter toute une vie.
Là, j’ai un goût d’inachevé, d’orientations ratées, de mauvais choix et de mauvais conseils. C’est tout ça que je regrette. Pas mon dernier choix, je pense qu’il n’est pas si mauvais. Seulement, je me sens si jeune pour affronter ça. Juste ça, parce que n’importe quel autre job ne m’effraie pas autant. Ce n’est pas par peur d’entrer dans la vie active, qu’on se le dise. Je suis même plutôt impatiente de ce côté-là.
Seulement l’éducation est une énorme responsabilité, et au vu de la jeunesse et l’enfance actuelle, j’ai assez peur de me trouver face des enfants plus qu’à moitié enfants, hyper agressifs.
J’ai peur de ne pas réussir à assumer l’agressivité des enfants d’aujourd’hui.
Ça y est, j’ai mis des mots, je l’ai dit et je l’ai même écrit.
C’est déjà un pas en avant, vers l’avant.