Prête à tout
J’ai mis du temps à pouvoir raisonner sereinement. Cela fait un peu plus d’une semaine que j’ai officiellement arrêté les cours. Et depuis, j’ai l’impression de m’être retrouvé. Je n’ai plus envie de pleurer pour un rien, tout le temps. La sensation de déprime, de peur qui m’habite a quasiment disparu. Je respire de nouveau.
Mais j’ai bien cru que c’en était fini de moi.
Je reste néanmoins inscrite à l’école et au concours de sortie. Je me dit que je ne veux pas me retrouver totalement sans rien, garder un ancrage, au cas où cela me conviendrait (même si j’en doute) et pour avoir la possibilité de se retourner si jamais il y a un besoin urgent.
Les recherches de jobs alimentaires ont commencé et pour le moment aucune réponse. On s’en doute, sans expérience c’est pas gagné. Je pense que si d’ici deux mois, la situation est toujours la même, je vais devoir retourner chez mes parents… l’argent pour le loyer se sera définitivement envolé, si y a pas de rentrée.
Pour le moment, ce n’est pas ma priorité. L’important, c’est de trouver le truc qui va me faire kiffer. Pour y voir plus clair, j’ai commencé un bilan de compétences… c’est très étrange mais rien que la première séance m’a vidé mais fait vachement de bien. Le temps se partage entre entretiens et tests. Les entretiens sont presque comme des séances psy, plus axé sur le côté professionnel mais tout y passe. J’ai versé quelques larmes, j’ai été complètement honnête. J’ai avancé un argument auquel je n’avais pas trop songé. Le job d’instit finalement, ce n’était pas moi qui l’avait choisi. Depuis que je m’occupe d’enfants, j’ai un peu toujours le même retour – très positif – de la part des parents : « vous êtes super pédagogue, institutrice vous irez parfaitement, vous serez très bien ». De fil en aiguille, tous ces compliments sont arrivés aux oreilles de mes parents, ils en ont parlé et l’idée est inconsciemment passée dans mon esprit. Je me suis dit « c’est vrai à près tout, je dois être faite pour ça, tout le monde le dit et je m’en sors pas trop mal avec les gosses ».
Seulement, la réalité a été bien différente. Malgré moi. J’aurais aimé que tout marche comme prévu, que ce métier soit effectivement fait pour moi, que je m’y sente bien. La déception de voir que ça ne me convenait pas a été plutôt dure à encaisser. Je m’étais faite à cette idée, je l’avais ancrée. C’était devenu une base.
Mais c’était une erreur. Je ne voulais pas faire ce métier par dépit, pour les vacances ou la sécurité de l’emploi.
Aujourd’hui, j’ignore ce qui pourrait me convenir mais je me doute que ça va changer.
Bref, je suis plus que satisfaite d’avoir arrêtée cette formation. Pour toutes ces raisons et pour toutes les autres.
Celle qui fait de ce métier et de ces futurs instits, des gens sectaires comme c’est pas permis, sans ouverture, sans connaissance, sans imagination, sans intérêt, sans rien.
De toute façon, quand on s’étonne que je lise le journal et quand on connait pas Romain Duris, on est sur la bonne voie. Tout comme le fait de ne pas répondre aux questions des profs pour ne pas se prendre la honte si la réponse donnée est mauvaise. C’est de la citation d’élèves de 23/24/25 ans. On se dit que la maturité n’est pas la qualité première.
L’orthographe non plus, remarque. Ecrire situation avec un « c » ou l’oral avec « e » à la fin, ça présage de bonnes tranches de rire pour les correcteurs.
La sincérité non plus. Dire dans mon dos, à ma copine, la seule fille vraiment intéressante de cette classe, que j’ai arrêté parce que je ne me sentais pas à leur hauteur, c’est top.
[Mode égo on] Je m’en balance. Mais franchement ma cocotte, si tu veux tout savoir, ton manque d’intérêt pour la vie et les gens qui t’entourent te rend pas très futée. D’ailleurs, si tu veux tout savoir, tu penses que je ne suis pas à la hauteur, mais ce que t’ignore, c’est que si je veux, le concours, je peux le présenter sans bosser. Et tu sais quoi, le pire, c’est que je sais que je l’aurais. Alors si tu veux bien fermer ta gueule. Et puis arrêter de soûler les gens avec ton chat trop mignon, ton chéri trop gentil, ton goûter que t’as besoin de prendre à 10h et à 15h et ta grs que tu pratiques depuis 15 ans, ça serait gentil et ça ferait du bien à la planète. [Mode égo off]
Bref, je vais bien. Je me sentais prisonnière, enfermée à moitié dans la boîte du formatage et du surtout-ne-pensez-pas-par-vous-même.
Je me sens libre et soulagée. Je me sens prête à tout, à commencer à autre chose, à définir vraiment ce que je souhaite.
p.s: je vais changer l'apparence du blog, le jaune, ça me sort par les yeux !