Minuit moins cinq
« Je me suis toujours demandé pourquoi, ce jour-là, ta sœur n’était pas entrée dans l’eau. Il faisait chaud et on avait une super-piscine. » Mari fait une tête qui veut dire : « Tu ne comprends même pas ça ? »
« Parce qu’elle avait peur pour son maquillage. C’est évident. En plus, tu crois vraiment qu’on peut nager avec un maillot pareil ?
- Aaah… d’accord ! Alors des sœurs peuvent être aussi différentes dans leur façon de vivre.
- Parce qu’on ne vit pas la même vie. »
Le garçon réfléchit un peu à cette remarque puis ouvre la bouche.
« Pourquoi le déroulement de la vie de chacun de nous est-il si différent ? En somme, pour prendre votre exemple, vous êtes nées des mêmes parents, vous avez grandi dans le même foyer, vous êtes toutes les deux des filles ; qu’est-ce qui fait que vous avez des personnalités si distinctes ? Où est-ce que vos chemins se sont séparés ? L’une s’allonge au bord de la piscine comme une starlette, vêtue d’un bikini grand comme trois confettis, l’autre nage à la manière d’un dauphin avec son maillot de grand-mère. » Mari le dévisage.
[…]
« Je n’ai pas de frère. Ni de sœur. Donc je voulais vraiment comprendre jusqu’à quel point les frères et les sœurs se ressemblent ; à partir d’où ils divergent. »
Le passage de la nuit d'Haruki Murakami, page 20-21
Il n’y a pas que Takahashi qui se pose la question…