Chronique d'une migration
Je suis lasse. Lasse de déplacer mes affaires d'un point à un autre, lasse d'avoir trois brosses à dent dans trois endroits différents.
Je voudrais ranger mon sac de voyage au fin fond d'un placard et ne le ressortir que pour partir à plus de 50 km.
J'en ai assez de traîner ce sac, signe distinctif des étudiants. Fatiguée de regarder le temps qu'il va faire pour choisir mes habits en fonction.
Cette fatigue contamine chacun de mes jours, chacun de mes gestes. Elle s'étend et depuis le début de la semaine, j'ai envie de rester inerte sur mon canapé. J'en ai envie parce que je sais que demain ou samedi, je vais devoir refaire ce sac, reprendre ce bus, descendre à mon éternel arrêt. Mes migrations pendulaires.
Et j'en suis déjà crevée, déjà soulée.
Je voudrais remplacer mon sac par un placard. Mes migrations pendulaires par des cours de sport. Mes errances des transports en commun par des mots écrits sur du papier.