Islanova de Jérôme Camut et Nathalie Hug
Alors que le massif des Vosges est ravagé par les flammes, Julian Stark trouve sa fille, Charlie, au lit avec Leny, le fils de sa femme. S'ensuit une colère noire avec des cris et des coups, et la fuite éperdue des deux amoureux pour la ZAD - Zone à Défendre - de l'île d'Oléron. Là-bas des activistes écologiques, emmenés par le charismatique Vertigo, occupent le terrain.
Très rapidement après l'arrivée de Charlie et Leny à la ZAD, les activistes, accompagnés de mercenaires et d'une frange plus radicale de leur groupe, l'Armée des 12-10, annexent la pointe sud de l'île d'Oléron et forment un nouvel état, Islanova.
Ce nouveau territoire ne sera rendu à la France que lorsqu'un accord international sera trouvé et finalisera la construction d'un pipeline pour accompagner l'eau dans les pays où le manque est vital.
Charlie et Leny vont se retrouver embarqués dans cette guerre qu'ils n'ont pas vraiment choisi et apprendre beaucoup de choses sur eux-mêmes...
Et voilà, la nouvelle production du couple CamHug, après l'incroyable et géniale trilogie W3, ils nous offrent Islanova, un thriller puissant, ambitieux et engagé. Mais que j'ai, toutefois, moins aimé que W3. Et si j'ai moins aimé, cela tient à deux choses : les personnages et le fond du propos. Parlons d'abord des personnages, si ces derniers sont complexes et très loin d'être manichéens, je les ai trouvé beaucoup moins sympathiques, originaux et attachants que ceux de W3 (c'est mal mais je ne peux m'empêcher de comparer). Charlie, l'héroïne, m'a souvent agacé, tout comme Abigail et les représentants du gouvernement et de la ZAD, Scali, Vertigo, Gale... J'ai en revanche beaucoup plus apprécié, Kit et Leny, Vorchek, Melvin, Aguir et Vanda. Je suis plus partagée sur Julian qui est vraiment un personnage très intéressant mais pour lequel je 'n'arrive pas à déterminer mes sentiments...
Mais le plus gros souci, pour moi, ce sont les thèmes abordés et le fond du message. Je comprends vraiment les questions soulevées par ce thriller, les inquiétudes face à l'état de la planète, les catastrophes naturelles, les climato-sceptiques qui sapent tout le boulot, les gens qui meurent à cause des pays riches et de leur population, mais je ne peux pas cautionner des agissements terroristes pour défendre des causes aussi belles... D'où, d'ailleurs, ma distance avec les personnages les plus radicaux du livre...
Ce thriller est aussi très ancré dans l'actualité et prend même ses racines lors d'une terrible nuit de novembre 2015... lire ses passages m'a profondément troublé, car c'est encore très proche pour lire de la fiction dessus et, je n'ai pas trop aimé, que le résultat de ces attaques terroristes soit, dix ans après, des attaques terroristes...
Bien sûr, cela reste de la fiction, je le sais, mais il n'empêche que si je n'ai pas adoré ce livre, c'est à cause de ça. Peut-être suis-je trop sensible, ou est-ce trop récent pour moi ?
C'est dommage car sinon Islanova aurait été sans conteste un énorme coup de coeur car tout y est dans ce thriller : de l'émotion, un message fort et engagé, du rythme, de l'action, des personnages intenses. Je le lisais alors qu'il y avait ces terribles incendies au Portugal et en même temps, il y avait ces incendies dans le livre, je n'ai pu m'empêcher d'y voir une analogie, c'était brûlant et violent.
Comme d'habitude, les CamHug ne prennent pas de pincettes et maltraitent le lecteur ! Toujours avec leur brillante écriture à quatre mains, Islanova est un très bon thriller, sans temps morts, et, avec au coeur de l'action, un sujet capital, l'avenir de la planète.