Avis groupé XVI
Depuis la fin du challenge Thrillers et Polars début juillet, je n'ai posté que deux chroniques qui entrent dans cette catégorie, j'ai pourtant lu plusieurs thrillers, je vous en présente certains dans cet avis groupé !
Les ténèbres et rien de plus de Julia Tommas
Lisa est chercheuse en neurosciences, depuis un an, elle a mis de côté toutes ses recherches pour se consacrer à la surveillance de son amie Janet. Elles ont été agressées par un tueur en série, Peter Mulchan, Lisa a survécu mais Janet est plongée dans le coma, sans donner aucun signe d'éveil. Lisa peine à se remettre de son agression lorsqu'on découvre le cadavre d'une jeune femme, tuée et mise en scène à la manière de Peter Mulchan. L'enquête est confiée à Kenji Yoshiro, un ami de Lisa. Doivent-ils croire aux revenants ?
Je ne connaissais pas l'auteure, ni le livre mais je me suis laissée tenter par le résumé et j'ai bien fait ! On suit donc Lisa en pleine reconstruction après sa terrible agression, et elle va profiter de ce crime pour aller jusqu'au bout de sa quête de vérité. En plus des crimes sordides commis, les lieux où les corps sont déposés, des cimetières, participent totalement à l'ambiance très angoissante du roman. Lisa va se lancer à corps perdus dans cette enquête, elle qui croit voir Peter partout dans la rue, elle est autant poussée par le besoin d'arrêter le tueur - quel qu'il soit - que par le besoin d'obtenir la certitude que Peter est bien mort.
New York est donc le terrain d'une intrigue menée sans temps mort, mais particulièrement frissonnante, un vent glacial de terreur s'insinue, et une très légère touche de fantastique conclut ce thriller.
Sa vie dans les yeux d'une poupée d'Ingrid Desjours
D'un côté, Marc, un flic cynique et diminué après un grave accident, un flic borderline aux méthodes douteuses. De l'autre, Barbara, une jeune femme au regard innocent, d'apparence fragile, qui semble revenir de loin. Mais Barbara semble être aussi au coeur de son enquête sur un psychopathe...
Dans ce thriller, Ingrid Desjours va nous donner une violente claque et Sa vie dans les yeux d'une poupée va nous couper le souffle durant toute la lecture... en effet, ce thriller est d'une violence inouïe avec ses personnages, Marc comme Barbara, de nombreux passages sont difficiles à lire et on aura plus d'une fois l'impression de suffoquer ! En le lisant, je pensais à certains thrillers de Karine Giebel. Même moi qui suis pourtant aguerri aux thrillers, j'ai parfois eu du mal à certains moments, tant l'histoire est violente... Malgré une analyse psychologique sans concession des personnages et une qualité d'écriture indéniable, l'excès de violence et de sordide m'a empêché de totalement accrocher à ce livre (même si je l'ai lu très vite). La fin est particulièrement écoeurante, et le thriller se finit sur une note profondément triste...
La fille du train de Paula Hawkins
Qui n'a pas entendu parler de ce best-seller de 2015 ? Qui n'a jamais vu sa couverture dans les rayons de sa librairie ? J'avoue avoir été très attirée par ce roman plusieurs fois, hésitant à l'acheter en grand format. Et comme je n'étais pas sûre à 100 % de mon choix, j'ai finalement attendu sa sortie en poche.
Rachel prend le train deux fois par jour entre Londres et la banlieue où elle habite, la régularité du trajet lui donne l'occasion de se plonger dans les vies qu'elle croise par la vitre du train, les lumières dans les maisons, les silhouettes, les jardins... Et il y a un couple auquel elle a fini par s'attacher presque malgré elle, ils s'appellent Jason et Jess, enfin du moins c'est comme ça que Rachel les a surnommés. C'est un couple parfait qui lui renvoie l'image heureuse d'une histoire d'amour, une image du passé. Mais un jour, Rachel voit Jess embrasser un autre homme. Tout s'effondre pour Rachel qui ne comprend pas cette infidélité.
Quelques jours plus tard, elle découvre la photo de Jess à la Une des journaux... celle-ci s'appelle en réalité Megan et elle a mystérieusement disparu.
J'adore totalement les trains, les voyages, le temps passé qui paraît comme suspendu, l'atmosphère, les paysages qui défilent et je me suis largement reconnu dans Rachel qui observe les habitations que la voie ferrée longe... je comprends cette fascination qui peut se créer, ce besoin de regarder, imaginer ces vies que l'on croise furtivement, ces intérieurs que l'on devine à peine. Avec un point de départ pareil, je ne pouvais qu'accrocher ! Même si le reste de l'histoire m'a surprise car je ne m'attendais pas à cela...! Ni à l'état de Rachel, dépressive, alcoolique, amoureuse de son ex-mari, qui ment à tout le monde pour cacher son vice et ses problèmes, du coup, ça n'en fait pas un personnage spécialement sympathique mais on s'attache quand même un peu à elle.
L'intrigue est bien construite, la plupart des personnages sont intéressants, malgré quelques longueurs et répétitions, le bouquin peut assez vite devenir obsessionnel et se laisse avaler en quelques jours ! Très bien construit, on ne devine pas du tout la fin !
Article 353 du Code Pénal Tanguy Viel
Pour avoir jeté à la mer le promoteur immobilier Antoine Lazenec, Martial Kermeur vient d'être arrêté par la police. Au juge devant lequel il a été déféré, il retrace le cours des événements qui l'ont mené là : son divorce, la garde de son fils Erwan, son licenciement et puis surtout, les miroitants projets de Lazenec.
Les avis sur ce roman paru aux éditions de Minuit sont vraiment très bons et très enthousiasmants, malheureusement, je n'ai pas réussi à être touchée par cette histoire... La faute à une forme que j'ai trouvé vraiment rébarbative et manquant d'éléments. Dans Article 353 du Code Pénal, on assiste à un monologue de Martial Kermeur, le prévenu, au juge. Un très long monologue où le narrateur raconte son histoire, cette forme manque à mon sens d'ouverture et si on saisit très bien le point de vue de Martial, ses choix, ses erreurs, son désarroi, il manque des éléments de construction qui pourraient enrichir le récit : qui est le juge ? qui est vraiment Antoine Lazenec ? les décors, le passé des personnages, tout ça est absent.
C'est dommage car j'ai plutôt aimé l'histoire, il y aurait pu avoir un vrai engagement social, un point de vue fort, engagé de la part de l'auteur, et surtout un récit plus fouillé, plus fin, plus complet, car il y avait vraiment matière à faire quelque chose de vraiment bon avec cet article 353. De plus, l'auteur n'hésite pas à faire des très longues phrases, ce qui a fini par noyer totalement mon intérêt et j'ai péniblement lu les 176 pages de ce récit.