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Revoir un Printemps
27 novembre 2009

Amour et M...

C’était un peu avant 8h ce matin, dans un demi-sommeil, j’entendais les bruits familiers d’un petit déjeuner. Le bruit de la porte du frigo qui s’ouvre, le tintement de la cuillère dans le bol et les croquettes dans la gamelle, le chat qui miaule devant la brique de lait  et la voix de mon homme qui lui parle. J’entendais ça très légèrement, à travers les brumes de la douceur des draps. 

Il y a deux jours, j’étais dans l’appartement de mes grands-parents. Je l’apprécie mais ce n’est pas aussi fort que leur maison d’avant. Cette maison de mon enfance, avec ses étages à l’envers, son potager, son grand sapin dans lequel on grimpait et son immense cave toute en longueur. Et nos arbres dans le jardin, un à chaque naissance, ces arbres qui aujourd’hui ont peut-être été déracinés, toutes ces années passées dans cet endroit, toute cette folie de nos jeux d’enfants, tous ces recoins, tout cet air. 
J’étais dans cet appartement et mon grand-père a souhaité me montrer où il rangeait ses papiers en cas…d’accident. 
On pourrait dire autre chose mais je préfère dire en cas d’accident. 
Les comptes, les documents de l’appartement, dans des chemises en carton bien rangées, et puis parmi toutes les feuilles, il y en avait une manuscrite. 
Je veux être incinéré, ni fleurs ni couronne.
Et en-dessous, d’autres lignes, d’autres mots qui disaient que la vie continuait, qu’il nous aimait, et d’autres choses que mes yeux ont vu mais que je n’ai pas eu envie de retenir. Et puis sa signature,
Papi. Simplement.
Et là pour le coup, j’ai réalisé. 
Et instinctivement, j’ai eu envie de pleurer, de me recroqueviller et que mon esprit revienne juste quelques poignées de secondes en arrière. 
Car je ne veux pas penser à ça. En général et pour mon grand-père surtout. J’entretiens avec lui une relation unique, profonde. Et je n’imagine pas…
Voir ces mots m’a fait un certain choc, comme une réalité soudaine. C’était brutal, inattendu. 

Et chaque jour, je pense faire attention à ces bruits du quotidien qui nourrissent les souvenirs, le chat qui miaule, le chat qui griffe, le lit qui grince, la télé qui s’allume, le rayon de soleil sur la fenêtre, la couleur du ciel, les grains de cacao qui fonde dans le lait, recroquevillée sous la couette sur le canapé, le matin, la journée, le soir et même la nuit.

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Commentaires
L
Comment se préparer au pire ? Je crois que c'est impossible. Profiter de ce qu'on aime n'aatténuera pas la douleur le moment venu, mais c'est le mieux qu'on puisse faire.
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