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25 août 2011

No sex

Depuis quelques années, au Canada, une famille expérimente l'éducation de ses enfants en utilisant le concept de no sex. Rien à voir avec une quelconque abstinence. Leurs enfants sont simplement élevés sans sexe, pas de sexe biologique (homme/femme) qui pourrait engendrer des comportements typiques d'un genre sexuel (masculin/féminin).
Un courant venu des Etats-Unis, les gender studies, étudie les relations et les corrélations entre le sexe physiologique et genre sexuel*1, venant tout droit du féminisme et démontrant qu'il est inutile de pouvoir espérer une égalité homme/femme car admettre une différence de sexe revient à accepter le patriarcat, l'asservissement des femmes, etc.*2 et donc la domination masculine.
«Je ne nie pas la différence des sexes, mais je cherche à comprendre pourquoi, en son nom, on a construit un système inégalitaire et discriminant.» explique Françoise Milewski*3
Alors forcément si tout est foutu dès le départ, pourquoi ne pas utiliser cette solution d'oublier la séparation de la société en deux sexes, faire comme dans le couple de Kathy et David et laisser aux enfants le choix de devenir ce qu'ils voudront. Ainsi leur aîné (âgé de 5 ans) porte indifféremment cheveux longs et robe que coiffure courte et pantalon...
Cela afin de lutter contre les standards qui font qu'un garçon doit jouer à la guerre et ne surtout pas pleurer et qu'une fille doit s'amuser avec des Barbie et s'habiller de rose.
Le genre, appelé dans l'article du Point, « le sexe social », qui définit les conduites que l'on attend habituellement d'un homme ou d'une femme. Selon la journaliste, l'individu « devrait pouvoir choisir de devenir un homme émotif adorant faire le ménage ou bien une femme amatrice de rugby, reine de la lecture de cartes routières, ou l'inverse, ou les deux, ou l'un après l'autre, ou tout à la fois »*4

En lisant cette enquête, je comprenais mais je ne me sentais pas très concernée. Depuis toujours, je n'ai pas ce sentiment d'être enfermé dans mon sexe – social ou biologique. Je me sens moi. Moi, petite qui aimait jouer aux Lego comme aux micro-machines mais qui avait pourtant des poupées Barbie. Moi plus vieille qui aimait autant aller au stade voir un match de foot dans un virage que danser en boîte. Qui lit correctement les cartes routières mais qui aime faire à manger. Jouer aux jeux vidéo ou lire un Marc Lévy. Et pourtant je ne me suis jamais posée aucune question du style « mais suis-je bien une femme ? », je n'ai jamais subi de réflexions parce que je jouais aux Lego, je n'ai jamais été exclu d'un clan comme d'un autre malgré des activités opposées. Il me paraît stupide de penser que j'ai pu être la seule à avoir un tel schéma éducatif. Car tout vient de là et mes parents ne m'ont jamais forcé à faire de la danse parce que les filles font ça ou à arrêter tel jeu car c'était un jeu pour garçon. Je me sentais libre. Et je me sens toujours libre aujourd'hui. D'aller voir un film de guerre ou me faire les ongles, ou les deux en même temps.
Mais ce qui me gêne dans cette expérimentation d'être éduqué no sex, c'est que l'enfant risque de ne plus savoir où il en est justement, il n'y a plus de construction d'identité sexuelle alors que pourtant il est bien né avec un seul sexe biologique. Je pense que cette solution est un brin trop radicale.
Il me semble possible d'élever un enfant avec un sexe biologique bien défini tout en lui laissant la liberté de choisir des activités qui ne dépendront pas d'un quelconque sexe social.
Et vous que pensez-vous de cette nouvelle façon d'éduquer ? Dans l'avenir comment se présenterons ces enfants ?

*1 Gender studies, http://fr.wikipedia.org/wiki/Gender_studies
*2 La famille où les enfants n'ont pas de sexe, Le Point, n°2027, p58-60, par Émilie Lanez
*3 La famille où les enfants n'ont pas de sexe, Le Point, n°2027, p58-60, par Émilie Lanez – Françoise Milewski est économiste au centre de recherche en économie à Science Po
*4 La famille où les enfants n'ont pas de sexe, Le Point, n°2027, p58-60, par Émilie Lanez

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Commentaires
L
Un peu extrême, effectivement. Ce qui me gêne dans tout ça, c'est que quelque part, les enfants se retrouvent cobayes, et qu'ils sont là pour illustrer des théories pour les adultes. Je trouve qu'on ne les respecte pas en faisant ça.
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M
c'est un débat actuel et je compte en faire un article <br /> c'est un peu 'poussé' de la façon dont tu le présentes et qui est présenté de cette façon là aux E.U. <br /> mais que pensez des enfants qui sont transexuels et ceux qui naissent avec un penis et un vagin ?<br /> ils existent tout n'est pas 'bleu ou rose' <br /> Les hermaphrodites sont-ils aussi à definir 'garçon' ou 'fille' ?<br /> C'est un debat intéressant mais je doute qu'on ait vraiment envie de bouleverser ce qui a toujours été établi ..<br /> ce qui est bien de toute façon est que chaque enfant decouvre les deux univers puisque il s'agit de deux univers séparés tel qu'on les a définit 'depuis la nuit des temps' ..<br /> au lieu de cloisonner le role de la fille qui doit faire comme sa maman ...et le garçon comme son papa ...et surtout ne pas montrer ses emotions car 'cela ne se fait pas' ....<br /> bizzz
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D
c'est peut être extremiste mais par contre je trouve que dans les livres scolaires par ex, il faudrait pas forcement montrer toujours montrer les hommes en médecin, avocat ext et les femmes en infirmière, secrétaire ou le papa bricole et la maman fait le ménage. y'a des exemples identiques dans la pub. Il faudrait aussi dans les familles ou il y a des filles et des garçons apprendrent le bricolage aux filles et aux garçons et le ménage aux filles et aux garçons.
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L
Faut être américain pour inventer ce genre de truc... J'suis sûr qu'une étude scientifique sérieuse pourrait prouver que l'abus de hamburger entraine une dégénérescence neuronale.<br /> Les clivages, quels qu'ils soient, sont une question d'éducation, l'absurde tient dans les extrêmes. Le temps où la nana doit se marier et faire des gosses avant de songer à s'épanouir est révolu (sauf chez certains esprits rétrogrades oubliés par l'évolution darwinienne).
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Z
Cela me semble absurde effectivement de vouloir à tout prix faire disparaître une différence qui est bien présente au départ. Si l'enfant dont il est question dans l'article est une fille, elle ne pourra pas empêcher ses seins de pousser ou ses poils si c'est un garçon... <br /> Il y a des choses plus importantes sur lesquelles les parents devraient se concentrer.
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D
Perso je trouve ça inutile. On naît comme on est, garçon ou fille, et pas besoin que nos parents "nient" notre sexe ou au contraire nous le rappellent ou je ne sais quoi. Ma mère m'a acheté des barbies, des poupées, mais ne m'a jamais dit "tu es une fille". J'ai pu jouer aux jeux vidéos comme je voulais (bon j'avais 10 ans, donc un peu plus tard). Et je suis assez d'accord avec toi : l'identité se construit dès l'enfance, donc ce genre de procédé risque de paumer les enfants plus qu'autre chose.
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