Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell, challenge Les filles de Mrs Bennet
Voici mon article pour le challenge des Filles de Mrs Bennet dont la consigne était : Un livre dans lequel le personnage féminin est secrètement amoureuse
Attention l'article peut contenir des spoilers sur le contenu de l'intrigue.
Résumé
1861. Les jours se déroulent paisiblement à Tara, le domaine de la famille O'Hara, situé en Georgie. Scarlett, la fille aînée, passe d'un soupirant à l'autre sans se douter que son destin va bientôt être bouleversé. La guerre de Sécession éclate entre les États du Nord et les Confédérés. Scarlett est jetée dans cette guerre qu'elle ne comprend pas et qui va remettre en cause la vie des propriétaires d'esclaves et de plantations de coton.
Mon ressenti
Je n'avais jamais lu Autant en emporte le vent, cette lecture a donc été une totale découverte, même si je connaissais quelques noms et éléments de l'histoire. Sur un roman aussi dense et aussi gros que celui-ci - il fait quand même 1171 pages - difficile de conserver un même niveau de qualité tout au long, c'est pourquoi mon avis est assez partagé... je n'ai pas eu d'énorme coup de coeur mais plusieurs éléments m'ont plu. Le début du roman est un peu long, il faut arriver à décrypter le langage des esclaves et se faire à l'idée que la lecture va être ponctuée de phrases assez racistes. L'auteur ne se gêne pas pour souligner l'infériorité des esclaves, les traitant de singes, d'idiots, et que les esclaves aiment être esclaves.... Je sais bien qu'à l'époque c'était comme cela mais aujourd'hui, c'est un peu bizarre de lire ce genre de réflexions : "Mama reprit le plateau et, avec la fourberie aimable, propre à sa race [...]".
J'ai aimé toute la partie suivant le début jusqu'au retour de Scarlett à Tara et tout le travail de reconstruction et de survie, j'ai beaucoup aimé le personnage de Will qui apparaît à ce moment-là. Par contre, j'ai moins apprécié la partie qui suit l'achat des scieries par Scarlett et tout ce passage à Atlanta où elle s'établit en tant que femme d'affaires intraitable. Mais l'histoire m'a totalement happé à partir de la page 883 lorsque Scarlett découvre que Frank appartient au Ku Klux Klan, d'un coup, la tension monte et j'ai rapidement lu cette dernière partie.
L'époque, la guerre, Atlanta, tous les lieux de l'histoire sont très bien décrits, on a vraiment l'impression d'y être mais le plus beau de tous est sans conteste le domaine de Tara. Et je regrette qu'une grande partie de l'histoire se passe loin de cette terre.
Toutefois, j'ai été très étonnée par l'histoire d'amour entre Rhett et Scarlett... Rhett est absent pendant de longs moments et leur histoire ne commence que très tardivement. J'ai été un peu déçu par cet aspect car je m'attendais à une passion plus franche, plus débordante, et si c'est bien le cas du côté de Rhett, Scarlett reste très froide et dure avec lui. J'ai également été étonnée que son béguin pour Ashley dure aussi longtemps. Si l'on peut penser qu'Autant en emporte le vent est une histoire d'amour mielleuse, il n'en est rien, bien au contraire ! L'histoire est carrément cruelle et la fin, terrible.
La plupart des personnages sont sympathiques et attachants comme Will, Melly, Tante Pitty, les dames d'Atlanta, bien sûr Rhett est de loin le personnage le plus mystérieux et je regrette que son histoire personnelle ne soit pas plus développée. Mais ce qui m'a principalement empêché d'adorer cette histoire, c'est Scarlett...
Une héroïne ambiguë
Je n'ai jamais bien compris cette héroïne. Certes, elle est forte car jamais elle ne va se laisser abattre, mais elle est aussi terriblement égoïste, capricieuse, bête, inconséquente, garce et je n'ai pas réussi à l'apprécier. Cette façon de jouer sans cesse un double jeu avec tous les gens qu'elle connaît, elle déteste ses soeurs (pourquoi ?) mais pourtant s'échine à leur fournir à manger, elle n'a jamais saisi qu'elle était très attachée à Melly, tout comme elle n'a jamais compris ses vrais sentiments pour Ashley et pour Rhett. J'avoue que c'était très difficile de suivre son raisonnement et de comprendre ses choix. Son côté de repousser toujours ses réflexions au lendemain est agaçant, tout comme, cette course à l'argent, cette obsession pour l'or, le clinquant, qui finissent par frôler le ridicule (mon dieu, la maison qu'elle se fait construire à Atlanta !). Elle est vraiment en avance sur son temps, et si cet aspect-là m'a plu, il ne colle pas du tout avec sa personnalité enfantine. J'aurais aimé un peu plus de clairvoyance de sa part et un peu d'humanité, je pense que cela m'aurait vraiment fait aimer ce roman.
Comparatif Autant en emporte le vent/La bicyclette bleue
J'ai souvent entendu dire que Régine Desforges avait pompé sur le livre de Margaret Mitchell pour écrire La bicyclette bleue et, maintenant que j'ai lu les deux, je peux dire que c'est faux. Certes, il y a des éléments proches mais sur la totalité de l'histoire, les choses sont bien différentes. Au départ, les héroïnes sont frivoles et ont de multiples soupirants, et lorsque Scarlett avoue son amour à Ashley, Rhett est présent, tout comme François est là quand Léa fait sa déclaration à Laurent. La relation entre Melly et Scarlett ressemble à celle entre Léa et Camille (la femme de Laurent) sauf que Léa se rend compte qu'elle s'attache à Camille et change peu à peu d'attitude et son béguin pour Laurent disparaît assez vite.
Pour moi, les similitudes s'arrêtent ici. L'histoire entre François et Léa est beaucoup plus rapide et explosive qu'entre Rhett et Scarlett (époque oblige) mais surtout Léa, au fil du récit, perd ce côté égoïste et enfantin qui ne quitte jamais vraiment Scarlett. D'autre part, les actions de Léa pendant la guerre sont plus altruistes et moins pécuniaires que celle de Scarlett.
Voilà un article pavé pour un livre pavé ! ;-)
Je voudrais remercier Audrey d'avoir lancée l'idée de cette lecture commune, c'était très intéressant de partager nos impressions de lecture, de se motiver pour lire (pour moi, le début fût assez dur), bref c'était chouette de lire à deux ! Pour connaître son avis, je vous invite à aller son article : Autant en emporte le vent chez Audrey.