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Revoir un Printemps
1 août 2016

Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell, challenge Les filles de Mrs Bennet

Voici mon article pour le challenge des Filles de Mrs Bennet dont la consigne était : Un livre dans lequel le personnage féminin est secrètement amoureuse
Attention l'article peut contenir des spoilers sur le contenu de l'intrigue.

Autant en emporte le vent

Résumé

1861. Les jours se déroulent paisiblement à Tara, le domaine de la famille O'Hara, situé en Georgie. Scarlett, la fille aînée, passe d'un soupirant à l'autre sans se douter que son destin va bientôt être bouleversé. La guerre de Sécession éclate entre les États du Nord et les Confédérés. Scarlett est jetée dans cette guerre qu'elle ne comprend pas et qui va remettre en cause la vie des propriétaires d'esclaves et de plantations de coton.

Mon ressenti

Je n'avais jamais lu Autant en emporte le vent, cette lecture a donc été une totale découverte, même si je connaissais quelques noms et éléments de l'histoire. Sur un roman aussi dense et aussi gros que celui-ci - il fait quand même 1171 pages - difficile de conserver un même niveau de qualité tout au long, c'est pourquoi mon avis est assez partagé... je n'ai pas eu d'énorme coup de coeur mais plusieurs éléments m'ont plu. Le début du roman est un peu long, il faut arriver à décrypter le langage des esclaves et se faire à l'idée que la lecture va être ponctuée de phrases assez racistes. L'auteur ne se gêne pas pour souligner l'infériorité des esclaves, les traitant de singes, d'idiots, et que les esclaves aiment être esclaves.... Je sais bien qu'à l'époque c'était comme cela mais aujourd'hui, c'est un peu bizarre de lire ce genre de réflexions : "Mama reprit le plateau et, avec la fourberie aimable, propre à sa race [...]".
J'ai aimé toute la partie suivant le début jusqu'au retour de Scarlett à Tara et tout le travail de reconstruction et de survie, j'ai beaucoup aimé le personnage de Will qui apparaît à ce moment-là. Par contre, j'ai moins apprécié la partie qui suit l'achat des scieries par Scarlett et tout ce passage à Atlanta où elle s'établit en tant que femme d'affaires intraitable. Mais l'histoire m'a totalement happé à partir de la page 883 lorsque Scarlett découvre que Frank appartient au Ku Klux Klan, d'un coup, la tension monte et j'ai rapidement lu cette dernière partie.
L'époque, la guerre, Atlanta, tous les lieux de l'histoire sont très bien décrits, on a vraiment l'impression d'y être mais le plus beau de tous est sans conteste le domaine de Tara. Et je regrette qu'une grande partie de l'histoire se passe loin de cette terre.
Toutefois, j'ai été très étonnée par l'histoire d'amour entre Rhett et Scarlett... Rhett est absent pendant de longs moments et leur histoire ne commence que très tardivement. J'ai été un peu déçu par cet aspect car je m'attendais à une passion plus franche, plus débordante, et si c'est bien le cas du côté de Rhett, Scarlett reste très froide et dure avec lui. J'ai également été étonnée que son béguin pour Ashley dure aussi longtemps. Si l'on peut penser qu'Autant en emporte le vent est une histoire d'amour mielleuse, il n'en est rien, bien au contraire ! L'histoire est carrément cruelle et la fin, terrible.
La plupart des personnages sont sympathiques et attachants comme Will, Melly, Tante Pitty, les dames d'Atlanta, bien sûr Rhett est de loin le personnage le plus mystérieux et je regrette que son histoire personnelle ne soit pas plus développée. Mais ce qui m'a principalement empêché d'adorer cette histoire, c'est Scarlett...

Autant en emporte le vent

Une héroïne ambiguë

Je n'ai jamais bien compris cette héroïne. Certes, elle est forte car jamais elle ne va se laisser abattre, mais elle est aussi terriblement égoïste, capricieuse, bête, inconséquente, garce et je n'ai pas réussi à l'apprécier. Cette façon de jouer sans cesse un double jeu avec tous les gens qu'elle connaît, elle déteste ses soeurs (pourquoi ?) mais pourtant s'échine à leur fournir à manger, elle n'a jamais saisi qu'elle était très attachée à Melly, tout comme elle n'a jamais compris ses vrais sentiments pour Ashley et pour Rhett. J'avoue que c'était très difficile de suivre son raisonnement et de comprendre ses choix. Son côté de repousser toujours ses réflexions au lendemain est agaçant, tout comme, cette course à l'argent, cette obsession pour l'or, le clinquant, qui finissent par frôler le ridicule (mon dieu, la maison qu'elle se fait construire à Atlanta !). Elle est vraiment en avance sur son temps, et si cet aspect-là m'a plu, il ne colle pas du tout avec sa personnalité enfantine. J'aurais aimé un  peu plus de clairvoyance de sa part et un peu d'humanité, je pense que cela m'aurait vraiment fait aimer ce roman.

Comparatif Autant en emporte le vent/La bicyclette bleue

J'ai souvent entendu dire que Régine Desforges avait pompé sur le livre de Margaret Mitchell pour écrire La bicyclette bleue et, maintenant que j'ai lu les deux, je peux dire que c'est faux. Certes, il y a des éléments proches mais sur la totalité de l'histoire, les choses sont bien différentes. Au départ, les héroïnes sont frivoles et ont de multiples soupirants, et lorsque Scarlett avoue son amour à Ashley, Rhett est présent, tout comme François est là quand Léa fait sa déclaration à Laurent. La relation entre Melly et Scarlett ressemble à celle entre Léa et Camille (la femme de Laurent) sauf que Léa se rend compte qu'elle s'attache à Camille et change peu à peu d'attitude et son béguin pour Laurent disparaît assez vite.
Pour moi, les similitudes s'arrêtent ici. L'histoire entre François et Léa est beaucoup plus rapide et explosive qu'entre Rhett et Scarlett (époque oblige) mais surtout Léa, au fil du récit, perd ce côté égoïste et enfantin qui ne quitte jamais vraiment Scarlett. D'autre part, les actions de Léa pendant la guerre sont plus altruistes et moins pécuniaires que celle de Scarlett.

Voilà un article pavé pour un livre pavé ! ;-)
Je voudrais remercier Audrey d'avoir lancée l'idée de cette lecture commune, c'était très intéressant de partager nos impressions de lecture, de se motiver pour lire (pour moi, le début fût assez dur), bref c'était chouette de lire à deux ! Pour connaître son avis, je vous invite à aller son article : Autant en emporte le vent chez Audrey.

challenge Lesfillesdemrsbennet

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Commentaires
S
Tout comme celle d'Audrey je trouve ta chronique excellente et très pertinente. Je pense que pour trouver un peu d'indulgence au comportement de Scarlett il faut avoir vu le film ;) Ce qui est surprenant, c'est que je ne me souviens pas du tout de ce côté cruel de Scarlett. Alors bon, même en ayant regardé le film, j'ai bien conscience qu'elle est tout sauf une bonne nature, mais plein de détails sont passés à la trappe. Comme je l'ai dis à Audrey, il faudrait que je le relise histoire de me remémorer tout ça :)
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Z
@ Eliness : c'était la première fois mais j'ai trouvé ça très intéressant aussi ! <br /> <br /> Je n'ai pas encore vu le film et je ne vais pas el voir de suite, l'histoire est encore trop présente dans mon esprit mais je pense que je le ferais un de ces jours donc je garde ton lien ;-)<br /> <br /> <br /> <br /> @ Parthenia : Franchement je n'ai pas trouvé à part sur les quelques points dont j'ai parlé mais par exemple, au niveau des intrigues ça n'a vraiment rien à voir.<br /> <br /> Bon après il y a beaucoup de pages donc en proportion, les remarques racistes ne sont pas aussi importantes que ça, mais ça marque à la lecture.<br /> <br /> <br /> <br /> @ Audrey : avec plaisir !<br /> <br /> C'est vrai que personne ne trouve grâce à ses yeux, mais je voulais souligner qu'il n'y avait aucune querelle, aucun contentieux entre elles. <br /> <br /> <br /> <br /> En fait pour La bicyclette bleue, c'est vraiment juste le début du roman qui est semblable, après l'intrigue n'a aucun rapport. Déjà Léa se rend très vite compte qu'elle n'aime pas vraiment Laurent et puis Camille meurt dans le premier tome je crois. Et côté rebondissements, ça ne se ressemble pas du tout non plus, par exemple Léa s'investit dans la résistance. Je trouve que Léa est bien plus malmené que Scarlett, et même si au départ elles ont un peu la même attitude, Léa devient vite attachante car on voit qu'elle souffre vraiment de la situation , je sais pas si je m'exprime clairement.
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C
Merci à toi pour cette lecture partagée ! A refaire si l'occasion se présente ! ;)<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne pense pas que Scarlett déteste fondamentalement ses sœurs. Disons que ce n'est pas parce qu'elles sont sœurs, justement, qu'elles méritent un traitement de faveur de sa part. Parce qu'à part Ashley et sa mère, Scarlett méprise tout le monde, non ? Elle est en constante rivalité avec toutes les femmes je crois. <br /> <br /> <br /> <br /> Au début, ce sont des chamailleries de filles comme il en existe dans toutes les familles. Même quand on lit Les quatre filles du docteur March tiens (ça se passe aussi pendant la guerre de Sécession, mais de l'autre côté), les quatre sœurs se prennent la tête pour des histoires de robes et cie. Mais ça n'empêche pas qu'elles s'aiment beaucoup ^^<br /> <br /> <br /> <br /> Puis par la suite, Suellen est quand même pas super sympathique et Careen est tellement différente de Scarlett qu'elles ne peuvent tout simplement pas s'entendre. Je suis bien placée pour savoir qu'être sœurs et opposées sur tous les sujets n'aide pas à une bonne entente ^^<br /> <br /> <br /> <br /> Concernant La bicyclette bleue, moi qui n'ai pas lu le livre et qui n'ai donc aucun lien sentimental avec, je trouve quand même que ça a l'air quand même sacrément pompé sur Autant en emporte le vent ! Du moins du côté de la trame de départ. Même si on est d'accord, c'est pas Margaret Mitchell qui a inventé le concept du triangle amoureux. Cela dit, on peut aussi y voir une sorte d'hommage après tout et je crois bien que Régine Desforges a gagné le procès que lui avaient fait les héritiers donc en effet, il n'y a pas plagiat. Juste une grosse grosse inspiration ! :)
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P
Je trouve cela intéressant ta comparaison avec La bicyclette bleue, n'ayant pas lu Autant en emporte le vent, je me demandais s'il y avait réellement eu plagiat...<br /> <br /> Par contre j'ai vu le film et je comprends que tu n'apprécies pas Scarlett, car ses défauts sont plus visibles que ses (rares) qualités !!<br /> <br /> Je me dis qu'il faudrait vraiment que je lise un jour le roman ! D'autant que j'aime la période abordée par le roman... même si comme tu l'as soulignée, les réflexions racistes de l'époque sont vraiment dérangeantes pour un lecteur du XXIème siècle...
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E
J'aime bien l'idée d'une lecture et critique partagée entre différents blogs :) As-tu vu le film associé ? Comme je l'écrivais chez Audrey, tu pourrais être intéressée par cette analyse de Durendal à son sujet qui m'a appris plein de choses !<br /> <br /> https://www.youtube.com/watch?v=NYv8HwC5pgI
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