Fluctuat nec mergitur
Le week-end n'a pas été facile. D'abord, vendredi, nous avons enterré un collègue de mon chéri, mort dans l'incendie de son appartement il y a deux semaines. Et puis il y a eu Paris et ces ignobles et lâches attaques, l'effarement, la douleur, l'incompréhension. Et samedi, comme si la douleur l'était pas suffisante, nous avons appris le décès d'un très cher ami de la famille (ce n'est pas une victime des attentats). La coupe était pleine et j'ai passé le week-end, un peu dans le coltar, sans avoir vraiment envie de rien.
Aujourd'hui, on est mardi, on est dans l'après. On se sent encore un peu hébété, sous le choc. On a appris durant tout le week-end, les noms des victimes, en découvrant que dans le lot, il y a une jeune femme de ma promo à la fac. Je n'étais pas amie avec elle, mais j'ai des potes qui l'étaient. On apprend peu à peu qu'un tel était là-bas, au Bataclan, dans le quartier, dans le bar d'à-côté, qu'une cousine aurait du y être... Je pense aux victimes, à leur famille, aux blessés, aux médecins qui ont sauvé tant de monde, aux policiers et militaires qui sont en première ligne. Je pense à tous ces innocents, sortis pour le plaisir. Ils étaient moi. Je suis eux. Ils sont mes potes, ils sont vos potes, ils sont comme nous, comme moi.
Honnêtement, les larmes ont du mal à se tarrir. Il faut se relever et continuer à vivre mais c'est relativement difficile d'y aller. Pourtant, il le faut, on leur doit.
Le bateau se maintient, le bateau ne sombre pas. Répliquons. Luttons. Résistons. Gagnons.
J'aime mon pays. J'aime la France. J'aime la liberté que procure la France. Cette chance incroyable que nous avons. J'aime aller boire des coups, manger, danser, voir des spectacles, aller au cinéma, faire l'amour, s'embrasser dans la rue. J'ai envie de faire des câlins à tout le monde. Je pense à tout un tas de trucs. Je pleure devant la télé. Je suis fatiguée de tristesse.
Je suis en colère devant la barbarie de certains au nom d'une idéologie vaine, tout ça pour un dieu hypothétique. On continuera à vivre malgré tout. On continuera à s'embrasser en abominables pervertis comme le dit Luc Le Vaillant sur Libé dans un texte que j'ai beaucoup apprécié. On continuera à aller à des concerts, on continuera d'aller au Bataclan et à enrichir le hastag monplusbeausouvenirdubataclan. On n'oubliera pas, comme le 11 septembre, comme le 7 janvier. On n'oubliera pas mais on vivra. On continuera d'aller en terrasse, dans des bars. Parce que c'est le mal pour certains mais la vie simple pour d'autres, pour tous les autres.
Le réconfort du chat...