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20 août 2023

Le bal des folles de Victoria Mas

Hôpital de la Salpêtrière

1885 - L'hôpital de la Salpêtrière est un asile d'aliénées où le professeur Charcot exerce. Les filles et femmes y sont envoyées pour n'importe quelle raison, voire sans raison du tout, parce qu'elles s'opposent à un père, à un mari, à un frère, parce qu'elles sont différentes, modernes, rebelles, quelque fois fragiles. Louise, une adolescente, y est déjà enfermée depuis plusieurs années à cause de crises d'hystérie suite aux abus de son oncle, elle est la favorite du moment du professeur Charcot qui aime à l'exhiber devant des messieurs et à lui faire revivre son traumatisme, sans lui apporter un soin quelconque. Eugénie est une jeune femme de bonne famille, révoltée, et avide d'expériences, mais elle est une femme et qui plus est possède un étrange secret... son père, n'y tenant plus, la conduit à la Salpêtrière, comme on se débarrasse d'un fardeau trop gênant. Geneviève, elle, est de l'autre côté de la barrière. C'est l'infirmière intendante, travaillant avec Charcot depuis longtemps et admirative de son travail, tout en étant proche de son troupeau sur lequel elle veille avec autorité et attention.

Les bal des follesQuinze jours pour lire un livre de 250 pages, c'est en soi un aveu. J'ai trainé cette lecture sur des jours – et j'ai même lu autre chose au milieu... L'histoire avait pourtant tout pour me plaire mais je ressors de cette lecture réellement déçue. Si le fond est intéressant – et aurait pu l'être davantage – le récit fait par Victoria Mas est d'une platitude impressionnante. Je n'aime pas être trop dure avec les auteurs, surtout les jeunes auteurs (et que je n'ai moi-même jamais vraiment réussi à passer le cap des premiers chapitres) ; mais ici, l'écriture se doit d'être sophistiquée, travaillée, puissante. Malheureusement, les phrases sont courtes, scolaires, un peu clichées et manquent de profondeur. Un tel récit aurait été plus intense au passé qu'au présent ; le langage utilisé m'a aussi gêné car je l'ai trouvé inadapté à l'époque car trop moderne. Avec 250 pages, j'aurais dû sentir que les choses ne seraient pas assez approfondies. J'aurais aimé en apprendre plus sur Charcot, le suivre sur quelques chapitres, on le voit finalement assez peu à l'œuvre et aucune réflexion sur les « recherches médicales » de l'époque n'est avancée. Je n'ai pas trouvé que le roman était si féministe que ça et, au final, la réflexion est plutôt consensuelle et peu convaincante.
Quant aux personnages, je n'ai absolument pas réussi à entrer en empathie avec elles, je suis restée, détachée, lointaine, alors que j'aurais dû me passionner pour ces femmes, être révoltée par leur sort, émue, touchée, en immersion dans cet endroit. J'aurais dû sentir la douleur, la peur, l'odeur de l'hôpital, du désinfectant, de la solitude et des vieilles pierres, j'aurais dû ressentir un immense malaise, mais l'écriture était trop lisse. Ce roman a toutefois le mérite de mettre en lumière un événement méconnu.

Photo Albert Londe © BIU Santé Paris
en haut : à gauche Blanche Wittmann, au centre Augustine Gleizes

Pour ceux qui souhaitent aller plus loin :
- Podcast Le corps exhibé https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/une-histoire-particuliere-un-recit-documentaire-en-deux-parties/le-corps-exhibe-6548487
- Article Les filles de la Salpêtrière du Dr Olivier Walusinski, membre de la Société française de Neurologie
- Si le sujet vous intéresse, je vous conseille la lecture de L'étrange disparition d'Esme Lennox de Maggie O'Farrell que j'ai lu et chroniqué il y a quelques années

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Commentaires
Z
Ah mince, dommage avec ce sujet si fort.<br /> <br /> J'ai le O'Farrell dans ma PAL. Je crois ^^
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C
Je n'ai pas lu le livre, mais j'étais curieuse de découvrir le sujet alors j'ai plutôt regardé l'adaptation ciné de (et avec) Mélanie Laurent ! Le film m'avait plu, mais je n'ai pas du tout envie de lire le bouquin. Et j'avais lu dans le même genre "La salle de bal" d'Anna Hope, mais ça ne m'avait pas vraiment transcendée :/
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